La préfecture des Hauts-de-Seine s’oppose à la cession d’une ancienne école de la ville de Nanterre dont le prix de vente serait 45% moins cher que la valeur réelle du bien. Vendu à l’association Ibn Badis, le bâtiment doit être converti en mosquée.
La préfecture des Hauts-de-Seine a engagé un «recours gracieux» contre la mairie de Nanterre qui a décidé de vendre une école désaffectée à l’Institut Ibn Badis, qui dirige la mosquée du même nom située avenue Georges-Clemenceau.
Au cœur de la discorde : le prix de vente. Dans un courrier adressé à la mairie de Nanterre, la préfecture des Hauts-de-Seine s’est étonnée d’un montant qu’elle estime anormalement bas. «L’abattement nous paraît assez important. On demande à la mairie de nous l’expliquer pour voir si c’est bien régulier. Il ne faut pas qu’il y ait une dépréciation injustifiée de la collectivité publique», a souligné l’administration.
D’après Le Parisien qui rapporte l’information, France Domaine a estimé que le prix de vente de ce bien devait être autour de 4,65 millions d’euros après avoir appliqué «un abattement forfaitaire de 25% pour travaux». Or, le prix de vente fixé entre la mairie et l’association religieuse est de 2,7 millions d’euros, soit une réduction de 2,475 millions d’euros sur la valeur du bien (- 45%).
«Je n’ai pas l’impression que la mairie nous fait une fleur»
Pour l’association en charge du lieu de culte, le montant de la transaction se base sur un rapport d’architecte considérant que la totalité de l’édifice est entièrement à rénover. «Je n’ai pas l’impression que la mairie nous fait une fleur» a confié au Parisien, le président de l’Institut Ibn Badis, Rachid Abdouni.
L’association explique par ailleurs qu’elle s’est engagée auprès de la municipalité à verser la somme d’un million d’euros, puis une mensualité de 9 000 euros pendant quinze ans. «Nous sommes une association à but non lucratif. Avancer un million d’euros pour un premier paiement nous paraissait déjà beaucoup», a-t-il indiqué. L’Institut Ibn Badisn souligne également l’urgente nécessité d’agrandir la mosquée actuelle : «On ne peut accueillir aujourd’hui que 1 399 fidèles sans Covid. Parfois la queue va jusqu’au gymnase Galois, situé à 400 mètres. Les pratiquants ne comprennent pas pourquoi ils sont parfois refusés. Certains viennent de Puteaux, Suresnes… Ce problème de surfréquentation dure depuis des années ! […] Avec l’école, on pourrait recevoir 1 500 personnes supplémentaires.»
Même son de cloche du côté de la mairie : «Rien que le désamiantage s’élève à 240 000 euros. Notre calcul a été fait selon le montant indicatif de France Domaine et le devis de l’architecte d’Ibn Badis», a déclaré Kader Selmet, le maire adjoint aux cultes.
Cette décision de cession a été prise lors du dernier conseil municipal qui s’est tenu le 22 mars. La mairie de Nanterre, dirigée par Patrick Jarry (Gauche Citoyenne), a néanmoins rencontré l’opposition de certains groupes qui ont manifesté leur désapprobation. «Nanterre ensemble», dirigé par Camille Bedin (LR), s’est abstenu de vote considérant que le prix accepté était «un prix au rabais abracadabrantesque».