De plus en plus de patients semblent faire preuve de réticence face au vaccin développé par le laboratoire américain Moderna. Certains experts supposent que les patients confondent la préparation de Moderna avec celle d’AstraZeneca, associée à des risques de thromboses graves.
Certains centres de vaccination constatent une réticence des patients à l’idée de se faire vacciner avec le Moderna: c’est le cas du centre de vaccination de l’hôpital Avicenne à Bobigny, mais aussi du vaccinodrome du Stade de France, à Saint-Denis, qui s’apprête à ouvrir ce mardi.
Moderna moins connu que Pfizer.
«Sans qu’on ne puisse l’expliquer, Moderna a clairement un déficit de popularité», constate Katy Bontinck, première adjointe au maire de Saint-Denis auprès du Parisien.
Elle suppose qu’une telle impopularité du Moderna est liée au fait que ce vaccin a été moins utilisé en France jusqu’ici et, par conséquent, est moins connu.
Alors que le vaccinodrome du Stade de France, à Saint-Denis, s’ouvre au public, pour le Pfizer, il n’y a plus aucun créneau disponible dans ce centre jusqu’à la fin de la semaine, tandis que plusieurs options restent possibles pour le Moderna, selon le site Doctolib.fr.
«Dans notre centre de vaccination à l’hôpital Avicenne on constate aussi une réticence pour le vaccin Moderna», a confirmé Frédéric Adnet, chef de service d’urgences SAMU-SMUR de l’hôpital Avicenne de Bobigny, lundi 5 avril sur BFM TV.
Lui aussi juge que cette situation est due au fait qu’entre le Pfizer et l’AstraZeneca, le vaccin Moderna est beaucoup moins connu des Français.
«Astra et Moderna, ça rime»
Une autre hypothèse pour expliquer la réticence vis-à-vis du Moderna est que les patients confondent son nom avec celui de l’AstraZeneca, ce dernier étant associé à des risques d’apparition de caillots sanguins chez les sujets relativement jeunes.
«Astra et Moderna, ça rime, et les gens confondent Astra et Moderna», estime Frédéric Adnet.
Il continue: «On a beau expliquer, on leur dit, Moderna c’est la même chose que le Pfizer, c’est un ARN messager, c’est le même principe, les ARN sont un petit peu différents, mais au niveau des effets secondaires et de l’efficacité c’est exactement la même chose».
Le médecin insiste sur une campagne nationale d’information parce que «Moderna a été oublié dans la bagarre entre Pfizer et AstraZeneca».
Vaccin efficace à 94 %, comparable à Pfizer.
Dans l’Union européenne, y compris en France, le vaccin de Moderna est autorisé pour les personnes de 18 ans et plus. Cette préparation repose sur la technique de l’ARN messager, comparable à celle utilisée dans le vaccin de Pfizer/BioNTech. Le concepteur du vaccin, le laboratoire américain Moderna, donne une efficacité de son vaccin à 94%.
En France, le Moderna est devenu le deuxième vaccin, après celui de Pfizer/BioNTech, à être approuvé par la Haute Autorité de santé le 8 janvier.
Depuis le début de la vaccination au 25 mars, plus de 789.000 doses de Moderna avaient été injectées en France, selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). De ce volume, uniquement 577 cas d’effets indésirables ont été rapportés, aucun décès n’a été constaté. Quant au vaccin de Pfizer-BioNTech, depuis le début de la vaccination au 25 mars, plus de 7.251.000 injections avaient été réalisées, 12.249 cas d’effets indésirables ont été analysés.
Dans le cas de Moderna comme celui de Pfizer-BioNTech, l’ANSM pointe que la majorité des effets indésirables constatés sont «non graves».
Risque de thromboses chez les vaccinés par l’AstraZeneca.
Toutefois, dans son dernier rapport de pharmacovigilance, l’ANSM fait état de quatre décès suite à des troubles thromboemboliques après la vaccination avec l’AstraZeneca. Ces décès font partie de 12 cas au total «de thromboses des grosses veines de localisations atypiques» constatés par l’ANSM chez les personnes vaccinées par l’AstraZeneca.
Au total, plus de 1.923.000 injections par l’AstraZeneca avaient été réalisées en France au 25 mars 2021, 7.439 cas d’effets indésirables ont été analysés. L’ANSM confirme le «risque thrombotique pouvant être associé à une thrombopénie ou à des troubles de la coagulation chez les personnes vaccinées par le vaccin AstraZeneca». Pourtant, selon l’organisme, ce risque reste «très rare».
Le week-end passé, plusieurs centres de vaccination dans le Nord et le Pas-de-Calais ont été obligés de renvoyer plus d‘un millier de doses inutilisées d’AstraZeneca faute de volontaires.