Tandis que Moscou dénonce des provocations dans l’est de l’Ukraine, et que Kiev s’inquiète de mouvements de troupes du côté russe de la frontière, une délégation militaire américaine s’est rendue dans le Donbass. Nouvelle étape dans l’escalade ?
Une délégation militaire américaine, emmenée par le colonel Brittany Stewart, attachée de Défense à Kiev, est arrivée dans le Donbass ce 8 avril. Cette visite, qui intervient en plein pic dans l’est de l’Ukraine, a été rapportée sur le compte Facebook de la Joint forces operation (JFO), une opération militaire du gouvernement ukrainien lancée en 2014 contre les rebelles de l’est du pays, qui refusent de reconnaître le pouvoir issu du coup d’Etat de Maïdan.
La délégation américaine a notamment rencontré le général Edouard Moskalev, commandant adjoint de la JFO, et a rendu visite aux troupes ukrainiennes engagées sur la ligne de front.
«Le gouvernement américain est profondément préoccupé par la situation entourant les frontières de l’Ukraine et soutient fortement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine», a déclaré le colonel Brittany Stewart selon le communiqué publié sur Facebook.
Le même jour, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était rendu lui aussi dans le Donbass, après avoir appelé l’OTAN à accélérer le processus d’adhésion de l’Ukraine, alors que Kiev doit prochainement mener des exercices militaires conjoints avec l’Alliance atlantique.
Paix en Ukraine ? Zakharova appelle Kiev à «commencer par les actes»
«L’accession de l’Ukraine à l’OTAN mènerait à une escalade à grande échelle dans le sud-est du pays [qui] peut déboucher sur des conséquences irréversibles», a pour sa part commenté Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères ce 9 avril en conférence de presse.
La porte-parole a poursuivi : «Si le régime de Kiev déclare ses aspirations […] à l’établissement d’une vie paisible, il doit commencer par les actes.» Appelant la partie ukrainienne à appliquer les accords conclus, Maria Zakharova a ajouté : «Le plan est sur la table et il l’est depuis longtemps. Il n’y a pas besoin d’entamer des provocations, il faut juste honorer les accords de Minsk.»
Elle a en outre estimé que, malgré les «slogans […] sur la « menace russe »», c’étaient «les troupes ukrainiennes qui renforcent leur présence sur la ligne de contact, font feu, ce dont souffrent les civils dans le Donbass».
Le 8 avril, au cours d’un entretien téléphonique, Vladimir Poutine et Angela Merkel s’étaient «inquiétés de l’escalade des tensions» dans l’est du pays, selon un communiqué du Kremlin. Le président russe avait notamment fustigé les récentes «actions provocatrices de Kiev, qui a délibérément attisé la situation sur la ligne de contact», marquant la séparation entre la zone sous contrôle de Kiev et les républiques autoproclamées aux mains des rebelles.
Le 1er avril, Kiev avait accusé la Russie, dans un communiqué, de procéder à une «démonstration de force sous forme d’exercices militaires et de possibles provocations le long de la frontière».
Une allégation balayée par Moscou : interrogé au cours d’une conférence de presse le 2 avril par l’agence de presse ukrainienne UNIAN au sujet d’un renforcement de la présence militaire russe près de la frontière avec l’Ukraine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait rétorqué que la Russie prenait «les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses frontières» en raison d’une «activité croissante des forces armées de pays membres de l’OTAN, d’autres alliances et de pays indépendants […] le long de la frontière de la Russie».