Après vingt ans de guerre, la plus longue connue par les États-Unis, le président américain Joe Biden a annoncé le retrait de toutes les troupes américaines de l’Afghanistan « sans condition » d’ici le 11 septembre, malgré les craintes d’un retour en force des Talibans. Pour de nombreux experts, cette guerre n’a pas fait avancer les choses sur le terrain, ce qui était prévisible dès le départ.
Les objectifs de la guerre américaine en Afghanistan ont-ils vraiment été atteints, comme l’a affirmé ce mercredi Joe Biden ? Les troupes envoyées il y a vingt ans dans le pays à la suite des attentats du 11-septembre sont-elles parvenues à « s’assurer que l’Afghanistan ne serve pas de base pour attaquer à nouveau » l’Amérique, selon les mots du successeur de Donald Trump ?
Michel Goya, ancien colonel de l’armée de Terre, historien et spécialiste des conflits, répond par la négative : « Al-Qaïda est toujours là. Les Talibans sont toujours là. Ils sont même presque aussi forts qu’ils l’étaient en 2001. Donc on est au bout d’un processus que l’on peut appeler une guerre ratée, incontestablement. C’est une guerre dont le ratage était prévisible presque dès le départ, mais qui a continué, qui a persévéré parce qu’on s’est engagé dans quelque chose dont on ne savait pas très bien comment sortir, avec des objectifs extrêmement ambitieux, trop ambitieux et qui, en réalité, ne pouvaient pas être atteints. Le principe de réalité a finalement pris le dessus tardivement. ce qui a conduit au retrait. »
Ce mercredi, le président Joe Biden a annoncé le retrait des 2 500 soldats américains restants en Afghanistan à partir du 1er mai prochain et d’ici le 11 septembre, soit vingt ans jour pour jour après les attentats aux États-Unis ayant provoqué l’intervention américaine. Soulignant être « le quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan », il a promis de ne pas transmettre « cette responsabilité à un cinquième », en jugeant vain d’attendre « de créer les conditions idéales pour un retrait ».
Selon Michel Goya, interrogé par Cléa Broadhurst du service international de RFI, Joe Biden a pris cette décision après avoir compris que la solution militaire en Afghanistan n’allait pas aboutir. Le président américain, souligne le colonel, « s’est retrouvé un peu dans la même position qu’Obama avec l’engagement en Irak : (une) situation où en réalité il n’y a pas le choix… entre continuer une sorte de guerre éternelle, sans espoir d’obtenir un résultat décisif, ou se retirer. c’est toujours un choix délicat puisque le retrait sera synonyme d’échec, de défaite. Comme le succès total était de toute façon hors de portée, c’est certainement la solution la plus sage. »
« C’est la bonne décision », a d’ailleurs salué l’ex-président Barack Obama, qui avait envoyé d’importants renforts dans le pays en 2009 contre l’avis de son bras droit de l’époque, Joe Biden.