La reprise de l’économie chinoise s’est accélérée au premier trimestre grâce au redémarrage soutenu de la demande intérieure et étrangère et au soutien des pouvoirs publics mais son rebond devrait s’atténuer au fil des mois, montrent les statistiques officielles publiées vendredi.
Le produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale a progressé de 18,3% sur les trois premiers mois de cette année par rapport à la période correspondante de l’an dernier.
Ce chiffre est légèrement inférieur à celui de 19% attendu en moyenne par les économistes du consensus Reuters mais c’est le plus élevé enregistré depuis le début de la mesure trimestrielle du PIB par Pékin en 1992. Au quatrième trimestre de l’an dernier, la croissance était ressortie à 6,5% seulement.
«La conclusion, c’est que puisque l’économie est déjà au-dessus de son niveau d’avant le virus et que le soutien monétaire et budgétaire diminue, le rebond chinois post-COVID est en train de se stabiliser», commente Julian Evans-Pritchard, économiste senior de Capital Economics.
«Nous prévoyons que la croissance d’un trimestre sur l’autre sera modeste d’ici la fin de l’année après le boom récent de la construction et des exportations et le retour de l’activité à son niveau tendanciel.»
Le PIB chinois avait chuté de 6,8% sur les trois premiers mois de 2020 en raison notamment des mesures de confinement prises par Pékin pour freiner la propagation du coronavirus apparu à Wuhan.
Il a rebondi par la suite grâce au redémarrage des exportations et, plus récemment, à la reprise de la consommation en Chine avec la réouverture des restaurants, des centres commerciaux et des concessions automobiles.
Normalisation.
En mars, les ventes au détail ont ainsi progressé de 34,2% sur un an, encore plus qu’attendu puisque le consensus tablait sur une hausse de 28%. Sur janvier-février, leur hausse ressort à 33,8%.
D’autres indicateurs traduisent cependant un début d’essoufflement du rebond: la croissance du PIB en rythme trimestriel a ainsi ralenti à 0,6% seulement sur janvier-mars après +3,2% sur octobre-décembre alors que les économistes l’attendaient à 1,5% et celle de la production industrielle est revenue à 14,1% sur un an en mars, après +35,1% sur janvier-février et contre +17,2% attendu.
La porte-parole du Bureau national des statistiques, Liu Aihua, a déclaré lors d’une conférence de presse vendredi que le secteur des services et les petites et moyennes entreprises restaient confrontées à des difficultés, ajoutant que l’inflation devrait rester modérée.
Pour Chaoping Zhou, stratège macro de J.P. Morgan Asset Management à Shanghai, «la tendance à la normalisation devrait se poursuivre d’ici la fin de l’année et la consommation intérieure devrait être le principal moteur de la croissance».
Les politiques monétaire et budgétaire devraient redevenir progressivement plus neutres, ajoute-t-il.
Li Wei, économiste de Standard Chartered à Shanghai, la croissance pourrait ainsi retomber à 7% au deuxième trimestre.
La deuxième économie mondiale devrait connaître une croissance de 8,6% cette année, selon les analystes interrogés par Reuters, après une hausse de 2,3% l’année dernière, la plus faible depuis 44 ans, mais qui a fait de la Chine la seule grande économie à éviter une contraction de son PIB.
Pékin a opté pour un objectif de croissance 2021 d’un peu plus de 6%, jugé prudent par les observateurs indépendants.