Depuis début avril, les policiers municipaux d’Ajaccio sont autorisés à porter des revolvers sur eux. La décision a été prise par la mairie afin de «revaloriser ses agents» tandis que l’opposition évoque des armes «obsolètes» et un «coup médiatique».
Depuis le 2 avril, 30 policiers municipaux de la ville d’Ajaccio portent des revolvers sur eux pendant leurs missions.
«C’est le résultat d’un processus entamé il y a un an et demi. Nous voulions revaloriser notre police et renforcer leur capacité à agir sur le terrain», explique sur France 3 Stéphane Sbraggia, premier adjoint au maire en charge des questions de sécurité.
Tous les agents ont passé des examens physiques et psychologiques à l’armement et suivi des formations. Ils sont équipés de revolvers Manhurins MR73. Cet armement a été mis en production en 1973 et est fabriqué à Mulhouse. «Ce ne sont pas des cow-boys, ils savent se servir de leurs armes», précise M.Sbraggia.
«Quand les policiers municipaux procèdent à des contrôles, ils peuvent parfois retrouver des couteaux, des barres à mine. On ne peut pas envoyer nos policiers sur le terrain avec des matraques en mousse», ajoute-t-il.
Ce port d’arme aura plutôt un «caractère dissuasif», indique la mairie dans un communiqué. Les agents seront toutefois capables de «répondre à d’éventuelles situations de crise: interventions face à des individus armés, interpellations, surveillances sensibles».
«Cela donne aussi un sentiment de sécurité aux gens», insiste auprès de Corse Matin Simon Pietri, directeur de la police municipale ajaccienne.
Sputnik a envoyé une demande de commentaire à la mairie et est en attente de réponse.
Un «coup médiatique»
Pour certains élus d’opposition, notamment Jean-André Miniconi (Femu Aiacciu), cette décision relève d’un «coup médiatique» car l’équipement «paraît obsolète».
«Si vous avez des terroristes devant vous, ils auront des armes automatiques. Pas des revolvers», réagit-il, toujours sur France 3.
De plus, selon lui, «il faut agir sur le terrain, déployer des médiateurs dans les quartiers. Il faut un travail de fond. Et cette mesure, c’est davantage un coup médiatique». La priorité pour la police municipale concerne plutôt le renforcement de ses effectifs et le renouvellement des caméras de vidéo-surveillance. Ces mesures, pourtant, seront appliquées dans un futur proche.
Policiers ciblés –
D’autres élus rappellent que les policiers eux-mêmes peuvent être pris pour cible.
«Il faut aussi reconnaître qu’actuellement, porter un uniforme peut faire de vous une cible», indique Étienne Bastelica, élu de gauche cité par Corse Matin.
De nombreuses municipalités ont quoi qu’il en soit décidé d’armer leur police. L’élu cite à titre d’exemple la commune de Porto-Vecchio.
Cadre réglementaire –
Selon les données du ministère de l’Intérieur, au 1er janvier 2020 Ajaccio comptait 42 policiers municipaux. Pour rappel, cette police municipale était autrefois équipée d’armes mais après leur vol en août 1998 la question avait été écartée, relève l’élu Étienne Bastelica à Corse Matin.
À l’échelle nationale, 57% des 23.934 policiers municipaux étaient équipés en 2019 d’une arme de poing.
Selon la réglementation en vigueur, c’est aux collectivités de décider de l’armement ou non de leurs agents, indique la Police municipale. Suite à une demande faite par le maire au préfet du département, ils peuvent disposer d’un revolver ou pistolet qui doit être porté de façon continue et apparente. Les armes ne doivent être utilisées que dans le cas très précis de la légitime défense définie par le Code Pénal.