En dépit de la pandémie, les dépenses militaires ont progressé de 2,6% dans le monde en 2020. 12 pays de l’Otan ont consacré au moins 2% de leur PIB à leur armée, contre seulement neuf en 2019. Le budget des Etats-Unis a lui augmenté de 4,4%.
Les dépenses militaires mondiales ont poursuivi leur progression en 2020, malgré la pandémie de Covid-19, atteignant quasiment 2 000 milliards de dollars selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm publié le 26 avril.
Ces dépenses se sont ainsi élevées l’an passée à 1 981 milliards de dollars (environ 1 650 milliards d’euros) à travers le monde, en progression de 2,6% sur un an. Dans le même temps, le PIB mondial a diminué de 4,4%. En 2019, ces dépenses (alors en hausse de 2,2%) avaient déjà atteint leur plus haut niveau depuis la fin de la Guerre froide.
Selon Diego Lopes da Silva, co-auteur du rapport, si l’on avait pu penser que les dépenses militaires allaient diminuer en raison de la pandémie, il est aujourd’hui «possible de conclure avec une quasi-certitude que le Covid-19 n’a pas eu d’effets significatifs sur les dépenses militaires, du moins en 2020». Le chercheur a toutefois averti auprès de l’AFP qu’il était encore tôt pour tirer ces conclusions sur le long terme, puisqu’il faudra probablement du temps aux nations «pour s’adapter au choc».
Le fait que les dépenses militaires aient continué à augmenter lors d’une année marquée par un ralentissement économique signifie que le «fardeau militaire» – la part des dépenses militaires dans le PIB – a également augmenté. Cette part a progressé de 0,2 point sur un an dans le monde, à 2,4%. Il s’agit de la plus forte augmentation en glissement annuel depuis la crise financière de 2009.
Certaines nations font néanmoins exception, comme le Chili ou la Corée du Sud qui ont préféré rediriger une partie de ces dépenses vers la gestion de la crise sanitaire. A l’inverse, d’autres pays comme la Hongrie ont décidé d’augmenter leurs dépenses militaires «dans le cadre d’un plan de relance en réponse à la pandémie», selon Lopes da Silva.
L’année dernière, 12 pays de l’Otan ont consacré au moins 2% de leur PIB à leur armée – l’objectif fixé par l’organisation, contre seulement neuf en 2019. Le budget le plus massif est resté celui des Etats-Unis, qui a augmenté de 4,4% en 2020, à 778 milliards de dollars, soit 39% des dépenses mondiales. C’est la troisième année consécutive de croissance des dépenses militaires américaines, après sept années de baisse continue.
«Cela reflète les préoccupations croissantes concernant les menaces perçues de concurrents stratégiques tels que la Chine et la Russie, ainsi que la volonté de l’administration Trump de renforcer ce qu’elle considère comme une armée américaine épuisée», a expliqué dans un communiqué Alexandra Marksteiner, co-auteure du rapport. Diego Lopes da Silva a souligné le fait que la nouvelle administration Biden n’avait «donné aucune indication selon laquelle elle allait réduire les dépenses militaires».
Les cinq plus gros dépensiers en 2020, qui représentaient ensemble 62% des dépenses militaires dans le monde, sont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie et le Royaume-Uni, dans cet ordre. La Chine a représenté 13% des dépenses mondiales avec 252 milliards de dollars en 2020, pour une augmentation de 1,9% par rapport à 2019. Les dépenses militaires du pays, en hausse continue depuis 26 ans, augmentent parallèlement à la croissance de son économie. La France est en huitième position du classement, avec des dépenses qui ont augmenté de 2,9% en 2020, à 52,7 milliards de dollars.