Suite à la révocation par l’Australie d’un accord sur les Nouvelles routes de la soie, Pékin a dénoncé une «mentalité de guerre froide» et a suspendu indéfiniment toutes les activités du Dialogue économique stratégique sino-australien.
Le 6 mai, la Chine a annoncé la suspension d’une partie de sa coopération économique avec l’Australie, dans un contexte de vives tensions avec Canberra, qui a annoncé en avril vouloir révoquer un accord concernant les Nouvelles routes de la soie.
L’Australie «cherche à perturber les échanges et la coopération normaux avec la Chine par une mentalité de guerre froide et de discrimination idéologique», a fustigé dans un communiqué la Commission nationale pour le développement et la réforme, la puissante agence de planification chinoise. En retour, Pékin a décidé de suspendre indéfiniment le Dialogue économique stratégique sino-australien (une plateforme censée favoriser la coopération entre les deux pays) et «toutes les activités» qui s’y rapportent, selon le communiqué.
Le ministre australien du Commerce Dan Tehan a quant à lui jugé «décevante» la décision de Pékin de suspendre une partie de sa coopération économique avec l’Australie, tout en affirmant que Canberra restait disposé à dialoguer en dépit des tensions. Tehan a affirmé que le Dialogue économique stratégique sino-australien était un «forum important» permettant aux deux pays de travailler sur diverses questions, tout en précisant qu’aucune discussion dans ce cadre n’avait eu lieu depuis 2017.
L’aboutissement de trois années de tensions croissantes
Les tensions entre les deux pays ne cessent de croître depuis 2018 en raison de différends sur un nombre croissant de sujets, de la technologie 5G aux accusations d’espionnage, en passant par Hong Kong ou encore les origines du coronavirus.
Dans ce contexte déjà tendu, le gouvernement fédéral australien a annoncé le mois dernier qu’il résiliait un accord signé par l’Etat de Victoria (sud-est de l’Australie) prévoyant qu’il se joigne aux «Nouvelles routes de la soie». Lancé en 2013 à l’initiative du président chinois Xi Jinping, ce projet vise à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels. La ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne avait déclaré que les dispositions contenues dans cet accord étaient «incompatibles avec la politique étrangère de l’Australie ou défavorables à [ses] relations étrangères». Pékin avait alors dénoncé une «mesure déraisonnable et provocatrice» prise par Canberra.
Les relations entre Pékin et Canberra sont particulièrement tendues depuis que le Premier ministre australien Scott Morrison a appelé l’an dernier à une enquête internationale sur les origines de l’épidémie de Covid-19. La Chine, premier pays à avoir été touché par la pandémie, considère cette demande comme hostile et politiquement motivée. En conséquence, Pékin a pris l’an dernier toute une série de mesures de rétorsion économique à l’encontre de plus d’une dizaine de produits australiens – notamment l’orge, le bœuf et le vin.
En pleines tensions avec la Chine, Canberra a adopté en 2020 de nouvelles lois permettant d’annuler tout accord considéré comme représentant une menace pour l’intérêt national signé entre les représentants d’un Etat australien et des pays tiers. Selon la constitution australienne, le gouvernement fédéral est responsable des affaires étrangères et de la défense, et les Etats et Territoires de secteurs tels que la santé et l’éducation.