Ligoté à une cible, sous les tirs d’avions de chasse: un militaire dénonce son bizutage

Un jeune pilote a porté plainte après avoir été victime il y a deux ans d’un bizutage sur une base aérienne en Corse. L’armée de l’air a quant a elle indiqué que des « sanctions fermes » avaient été prononcées contre les responsables.

Ligoté à une cible, un sac sur la tête, pendant que des avions de chasse effectuaient des tirs réels, un militaire dénonce le bizutage traumatisant qu’il a subi en Corse, selon une information obtenue auprès de ses avocats, confirmant une information du quotidien la Provence.

« Le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace a diligenté une enquête de commandement pour faire toute la lumière sur les faits portés à sa connaissance » datant de mai 2019, a réagi le porte-parole de l’armée de l’air, le colonel Stéphane Spet. « Des sanctions fermes » ont été prononcées contre les responsables, a-t-il ajouté sans en préciser la nature.

Sous les tirs pendant une vingtaine de minutes –

Affecté à Orange (Vaucluse), le pilote avait été emmené à Solenzara (Corse-du-Sud) en avion le 27 mars 2019, « pour le bizuter exprès », selon Me Berna. Ses nouveaux collègues lui avaient attaché un sac sur la tête, avant de le ligoter et de le jeter « violemment » à l’arrière d’un pick-up, lancé à vive allure sur des routes corses en mauvais état.

Arrivés sur la base aérienne, ses tortionnaires l’avaient attaché à un poteau, puis laissé seul, aveuglé sous son sac. Pendant une vingtaine de minutes, le militaire avait alors entendu des avions passer autour de lui et effectuer des tirs réels, « un bruit effrayant et impressionnant » bientôt relayé par des tirs simulés dans sa direction, est-il indiqué dans la plainte que son avocat indique avoir déposée.

Une plainte déposée –

Le jeune homme dénonce des « violences volontaires avec arme, en réunion, par des militaires, avec préméditation, mise en danger de la vie d’autrui et harcèlement moral ».

« L’armée de l’air condamne toute activité de nature à porter atteinte à l’intégrité, physique comme psychologique, de son personnel » et « se tient à disposition de la justice, a déclaré le colonel Stéphane Spet.

Le jeune homme a porté plainte auprès du tribunal de Marseille « dans le milieu de la semaine » a indiqué de son côté l’un de ses avocats, Me Frédéric Berna. Contacté par nos confrères l’AFP, le parquet de Marseille n’était pas en mesure de confirmer ni d’infirmer la réception de cette plainte.

Selon Me Berna, qui a déjà suivi des affaires de harcèlement dans le domaine militaire, il y a dans l’armée de l’air « des pratiques régulières de bizutages humiliants voire violents ». « Mais là, utiliser du matériel militaire, des avions, ça coûte une fortune en plus », a-t-il fustigé, dénonçant des complicités « évidentes » sur les bases de Solenzara et d’Orange.

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