Désavoué à l’Assemblée nationale au sujet du pass sanitaire, Emmanuel Macron aurait eu un mouvement d’humeur contre ses ministres, rapporte Le Parisien.
À quelques jours des premiers allégements sanitaires, la pression monte au sein du gouvernement. Échaudé par la fronde des députés MoDem au sujet du pass sanitaire, Emmanuel Macron a ainsi rappelé ses troupes à l’ordre en Conseil des ministres, selon Le Parisien.
Le chef de l’État s’est agacé de voir les membres du gouvernement commenter l’actualité, plutôt que de se concentrer sur leurs dossiers.
«Si certains d’entre vous ont des vocations d’éditorialistes, il en faut plein dans les chaînes d’info. Vous êtes ministres, pas éditorialistes», a notamment tempêté Macron, relate une source au Parisien.
Outre le camouflet du pass sanitaire, finalement atténué par l’adoption de la mesure dans l’hémicycle, le Président a encore critiqué les prises de parole de ses ministres sur l’euthanasie et sur le voile. Jean Castex s’était notamment épanché sur la fin de vie, dans un entretien au Parisien, déclarant que le débat ne cadrait pas avec un calendrier parlementaire «extrêmement serré». Les ministres délégués Marlène Schiappa et Agnès Pannier-Runacher avaient pour leur part relayé sur Twitter une pétition demandant à légiférer sur le sujet.
L’affaire de la candidate LREM voilée dans l’Hérault semble aussi avoir chatouillé les oreilles du chef de l’État. La polémique avait notamment amené la ministre du Travail à réagir sur France Info. Élisabeth Borne avait déclaré qu’il fallait «appliquer la loi, rien que la loi et toute la loi» sur ce dossier. Des réactions sur des sujets controversés donc qu’Emmanuel Macron pense «propices aux couacs», rapporte un proche du Président au Parisien.
Pas une première-
Ce n’est pas la première fois que Macron recadre ainsi ses ministres, depuis son arrivée au pouvoir. Mais ses coups de gueule semblent se faire plus fréquents en cette période de crise sanitaire.
Le Président avait en particulier pesté contre la lenteur des campagnes de vaccination début janvier, évoquant en privé un «rythme de promenade en famille». Il avait également fait part de son exaspération suite à la mésentente entre Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti à propos du terme d’«ensauvagement» ou lors de la controverse sur l’article 24 de la loi Sécurité globale.
Les coups de sang montrent cependant leurs limites, la parole présidentielle pouvant ensuite servir de paravent, comme l’expliquait un cadre de la majorité à L’Opinion, en janvier dernier.
«Ce genre de messages est dangereux. Chacun peut s’en servir comme prétexte pour régler des comptes en se réclamant de la parole présidentielle. Sans compter le fait que ces agacements semi-privés peuvent revenir comme un boomerang», déclarait-il ainsi.
Agacé par les sorties médiatiques de ses ministres, Emmanuel Macron s’est parfois aussi attaqué directement à la presse. Lors de la polémique opposant le garde des Sceaux au ministre de l’Intérieur, le Président avait ainsi reproché aux journalistes d’avoir embrayé sur le sujet, jusqu’à proposer un «Kamasutra de l’ensauvagement» pendant plusieurs jours.