Une version de l’hélicoptère russe Ka-52, modernisé sur la base des expériences de combat réelles en Syrie, sera proposée à l’internationale dans le proche avenir, selon le complexe militaro-industriel russe. Une version navale du Ka-52 aurait dû être placée sur les Mistral qui n’ont pas été livrés à la Russie par la France.
Un Ka-52M, une variante modernisée de l’hélicoptère d’attaque russe Ka-52 Alligator, sera proposé sur les marchés extérieurs d’ici quelques années, a annoncé ce mercredi 19 mai le directeur général de l’agence d’État Rosoboronexport, chargée des exportations du complexe militaro-industriel russe, Sergueï Mikheev.
«Dans le proche avenir, nous et nos partenaires étrangers attendons la sortie sur les marchés extérieurs d’une version du Ka-52 dont la modernisation est effectuée par [le holding, ndlr] Hélicoptères de Russie», a-t-il souligné à l’approche de l’exposition internationale HeliRussia-2021 qui se tiendra à Moscou du 20 au 22 mai.
La Défense russe avait informé antérieurement que la modernisation du Ka-52 serait effectuée en tenant compte des retours de terrain en Syrie. Le ministère russe de la Défense serait prêt à commander 114 hélicoptères modernisés.
Selon les concepteurs, les essais de deux prototypes du Ka-52M devraient se terminer en 2022.
Détails de la modernisation
Les premiers tests d’une nouvelle version du Ka-52, modernisée au standard «M» et surnommée SuperAlligator, ont démarré en 2019.
À la différence de son prédécesseur, le Ka-52M recevra des systèmes de défense renforcés pour se protéger contre les missiles anti-aériens. Le programme de modernisation devrait comprendre la standardisation de l’armement du Ka-52M avec l’hélicoptère Mi-28 et l’intégration de nouveaux types d’armements dont un «missile de croisière» air-sol pouvant porter jusqu’à 100 kilomètres.
Le SuperAlligator sera équipé d’un système de visée multicanal complètement mis à jour pour effectuer des missions de combat à toutes heures et par tous temps. L’appareil recevra des modernisations de son radar à antenne active, de son avionique de cabine, de ses systèmes d’alimentation électrique et de son rotor. Il devrait être capable de recevoir en temps réel des informations sur l’évolution des conditions de combat au sol et sur des cibles potentielles grâce à une connexion au système de renseignement, de gestion et de communication Strelets (Archer).
Le Ka-52 et le Mistral
Lors de la visite d’un bâtiment de guerre de classe Mistral à Saint-Pétersbourg en novembre 2009, un hélicoptère Ka-52 a effectué un atterrissage sur son pont d’envol. Cet événement a marqué le début des «relations» entre l’Alligator russe et le Mistral français qui n’ont pas abouti à cause de la rupture d’un contrat de 1,2 milliard d’euros prévoyant la construction par la France de deux Mistral pour la Marine russe, mais qui ont favorisé la conception en Russie d’une version navale du Ka-52.
Il s’agit du Ka-52K Katran (requin épineux), variante navale du Ka-52, dont la nécessité pour la flotte nationale a été annoncée par la Russie au Salon du Bourget en juin 2011. La spécificité du Katran, qui le rend différent de l’Alligator, est sa capacité à replier ses pales.
Le premier vol du prototype du Ka-52K a eu lieu le 7 mars 2015 mais l’appareil n’a jamais atterri sur un Mistral, le contrat portant sur la livraison par la France des porte-hélicoptères de cette classe à la Russie étant officiellement annulé par les chefs de deux États en août de la même année.
Toutefois, les Katran vont trouver leur place sur le pont d’envol des deux premiers navires d’assaut amphibie porte-hélicoptères russes, en construction actuellement à l’usine Zaliv à Kertch, en Crimée, et dont les transferts à la Marine sont respectivement prévus en 2025 et 2026.
Hélicoptères militaires Kamov
Le bureau russe de Kamov a conçu de nombreux modèles militaires et civils, mais il est surtout connu pour ses hélicoptères d’attaque, les Ka-50 et les Ka-52.
Dans les années 80, les ingénieurs soviétiques de ce bureau d’études ont élaboré un hélicoptère monoplace Ka-50, révolutionnaire en termes de manœuvrabilité et de performances de combat. L’appareil est également connu sous le nom de Requin noir et de Loup-garou, comme l’Otan l’appelait. L’utilisation de l’appareil dans des conditions réelles de guerre a révélé les difficultés qu’un pilote rencontrait en accomplissant tout seul des missions opérationnelles. Le projet de production du Ka-50 a été abandonné en 2009, après la fabrication de 17 unités.
Pour résoudre le problème d’un pilote, les ingénieurs russes ont développé une version modifiée biplace du Requin noir – le Ka-52 qui a réussi à passer tous les essais pour se montrer efficace sur un théâtre d’opérations militaires, pendant des vols de jour comme de nuit, et dans des conditions météorologiques défavorables. La production en série de l’appareil surnommé Alligator a démarré en 2008, le nombre d’hélicoptères de ce type dépassant 120 unités pour le moment.