Tous les habitants majeurs du quartier de Bacalan devraient être vaccinés dans les prochains jours afin de prévenir la diffusion d’un «variant préoccupant» du Covid-19. Dérivé du variant britannique, il est à l’origine d’un cluster de 46 personnes.
Tous les habitants majeurs d’un quartier de la ville de Bordeaux vont pouvoir être rapidement vaccinés, sans conditions, après la découverte d’un cluster de quelques dizaines de personnes testées positives à un variant «très rare», a expliqué le 21 mai à l’AFP l’Agence régionale de santé (ARS).
Alors que le dépistage massif de la population a débuté le même jour dans le quartier de Bacalan, dans le nord de la ville, les autorités sanitaires ont demandé «d’anticiper la vaccination des plus de 18 ans sans conditions» dans ce quartier et les limitrophes, «si possible dans le week-end ou au pire en début de semaine prochaine», a expliqué Patrick Dehail, le conseiller médical et scientifique de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.
«On travaille avec le ministère [de la Santé] pour obtenir des doses supplémentaires afin de lancer cette vaccination anticipée sans conditions [dès que possible]», a-t-il déclaré, le projet étant par la suite de l’élargir «à la ville et à la métropole».
«Il s’agit d’un variant déjà identifié au niveau national mais très rare jusqu’à présent», a précisé Patrick Dehail. Il s’agit d’un Variant of Concern (VoC), c’est-à-dire un variant préoccupant, comme le sont par exemple les variants anglais et indien. «Sa souche est anglaise mais avec une mutation. Il est connu, il a aussi été vu en Ile-de-France, mais il s’était très peu exprimé jusqu’à présent tant au niveau national qu’au niveau international. A priori, il n’y avait encore jamais eu de cluster comme ça dans la population générale», a ajouté le professeur Dehail.
« La population bordelaise est relativement naïve par rapport au virus »
Le cluster concerne au moins 46 personnes. Aucun de ces cas positifs n’a été vacciné et aucun n’a été hospitalisé, «ils ont les symptômes habituels ou pas de symptômes», d’après le directeur médical de l’ARS. «Nous n’avons pas de raison de penser que ces cas seront plus graves et que ce variant est résistant aux vaccins à ARN messager [de Pfizer et de Moderna]», a-t-il commenté. «Nous ne sommes pas inquiets et la population n’a pas de raison de l’être, mais c’est l’occasion de rappeler que le virus circule toujours et qu’il ne faut pas considérer la levée des restrictions comme un retour à la vie d’avant sans limites», a-t-il cependant mis en garde, d’autant que, selon lui, «la population bordelaise est relativement naïve par rapport au virus» dans une région «relativement épargnée» et où «l’immunité collective est pour l’instant très faible».
«Variant préoccupant»
Selon Patrick Dehail, le Centre national de référence de Lyon est désormais chargé d’une «analyse plus détaillée du génome entier» de ce variant. Celui-ci «demeure très rare au niveau international et en France, malgré plusieurs chaînes de transmission détectées récemment à Bordeaux», a de son côté indiqué l’agence Santé publique France dans la soirée du 21 mai.
Appelé VOC 20I/484Q, ce dérivé du variant anglais a acquis une mutation supplémentaire (E484Q) soupçonnée d’amoindrir l’efficacité des vaccins. Le 20 mai, l’Organisation mondiale de la santé a pourtant souligné que les vaccins actuellement disponibles fonctionnaient jusqu’à présent contre tous les variants préoccupants.
Selon Santé publique France, le variant présent à Bordeaux n’avait jusqu’alors été détecté que chez de rares cas en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Grand Est et en Ile-de-France. Toutefois, des clusters ont été récemment identifiés en Ile-de-France et Nouvelle-Aquitaine, indique l’agence sanitaire. «En Ile-de-France, un cluster est survenu dans un établissement de soins en avril. En Nouvelle-Aquitaine, une transmission communautaire a été identifiée, avec deux chaînes de transmission qui touchent un quartier de Bordeaux et d’autres quartiers/communes à proximité», précise-t-elle.
A ce stade, cinq variants sont classés comme «variants préoccupants» en France, selon Santé publique France : les variants anglais, sud-africain, brésilien, indien (qui vient de rejoindre cette liste) et celui détecté à Bordeaux (comptabilisé avec un autre, quasi similaire, appelé VOC 20I/484K). Cette liste des «variants préoccupants» peut varier selon les pays en fonction de la situation locale.