Alors que le monde entier observe depuis plusieurs jours l’escalade des tensions au Proche-Orient, des analystes chinois mettent en garde contre un possible conflit militaire en Asie, notamment entre la Chine et Taïwan.
Mi-mai, l’Economist a qualifié Taïwan d’«endroit le plus dangereux au monde». La revue britannique écrivait entre autres que si la septième flotte des États-Unis n’intervenait pas en cas de guerre entre Taïwan et la Chine, cette dernière deviendrait «la puissance dominante en Asie» et «la Pax Americana s’effondrerait».
Quant à une possible date de ce conflit, la revue citait l’amiral Philip S. Davidson, ex-commandant de l’United States Pacific Command, qui a déclaré au Congrès en mars que la Chine pourrait attaquer Taïwan vers 2027.
En effet, dans leur rapport publié mercredi 19 mai et cité par South China Morning Post, des analystes de la China Cross-Strait Academy estiment que les tensions dans le détroit de Taïwan ont augmenté au point que le risque de conflit armé est à «un niveau record».
Notamment, ayant analysé plusieurs facteurs dont les force militaires, les relations commerciales, l’opinion publique, les événements politiques et le soutien des alliés, les experts ont conclu que les deux parties étaient «au bord de la guerre». Pour 2021, les chercheurs évaluent à 7,21, sur une échelle de 0 à 10, l’indice du niveau de risque de conflit armé à travers le détroit.
«Si la tendance actuelle se poursuit […] l’unification de Taïwan par la force ne sera qu’une question de temps», a déclaré Lei Xiying, directeur du think tank.
Les risques de conflit au fil des années
Analysant les mêmes facteurs pour les années précédentes, les chercheurs ont établi qu’au début des années 1950, lorsque les forces nationalistes anticommunistes avaient fui le continent vers Taïwan, l’indice était à 6,7. Ensuite, une grande partie des années 1970, il a oscillé au-dessus de 6,5 mais est tombé à 4,55 en 1978, lorsque Washington a établi des relations diplomatiques officielles avec Pékin.
Le risque de conflit était également faible dans les années 90, alors que la Chine menait des réformes économiques qui attiraient des investissements du monde entier, y compris de Taïwan. Mais le rapport indique que l’indice n’a cessé d’augmenter depuis 2000, lorsque le Parti démocrate progressiste indépendantiste a pris le pouvoir sue l’île, mettant fin aux 55 ans de règne du Kuomintang qui n’excluait pas la possibilité d’une réunification avec la Chine.
La situation a davantage empiré sous Donald Trump, qui a adopté une approche antagoniste envers la Chine. L’été 2020, le département d’État américain a validé des ventes d’armes à Taïwan, dont des missiles Patriot et des chasseurs F-16. En réponse, Pékin a mis en place des systèmes de défense russes S-400 capables de détecter et de détruire des missiles jusqu’à 600 kilomètres.
Biden renforce le partenariat entre Taipei et Washington
Le 25 mars, Taiwan et les États-Unis avaient signé un protocole d’accord sur l’établissement d’un groupe de travail sur la garde côtière. Il s’agissait du premier accord bilatéral conclu entre Taipei et Washington depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden.
S’exprimant le 19 mai lors d’une cérémonie d’ouverture à l’Académie américaine des garde-côtes, le Président Biden a souligné que ce nouvel accord aiderait à «mieux répondre aux menaces communes dans la région et à mener des missions humanitaires et environnementales coordonnées».