L’Organisation mondiale de la santé (OMS) se réunit toute la semaine à partir de ce lundi 24 mai. Une assemblée largement consacrée à la pandémie de Covid-19 mais également à la réforme de l’organisation.
À l’échelle mondiale, la campagne de vaccination est toujours aussi inégalitaire : les trois-quarts des vaccins administrés dans le monde ne l’ont été que dans 10 pays. Cette Assemblée mondiale de la santé devrait donc largement être consacrée à la question du partage des doses produites, afin de mieux lutter contre le Covid-19.
La question de la levée des brevets devrait à ce titre être sur de nombreuses lèvres, même si techniquement ce n’est pas l’OMS, mais l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, qui est compétente pour traiter du sujet : « cette question sera tout de même discutée à l’OMS entre les pays », explique Auriane Guilbaud du centre de recherches sociologique et politique de l’Université Paris 8.
« L’idée est de faire émerger des positions communes qui pourront être portées ensuite à l’OMC. On va discuter également de la question des transferts de technologie : il ne suffit pas de lever les droits de propriété intellectuelle pour que les vaccins soient produits comme par magie. Il y a d’énormes enjeux en termes de transferts de technologie et de production. En tant qu’organisation qui dispose de compétences techniques, l’OMS peut également faire émerger des positions sur le sujet, qui pourront également être portées à l’OMC », rajoute-t-elle.
Vers une réforme de l’OMS ?
Si les vaccins et leur accessibilité est en effet l’un des sujets les plus pressants, l’un des gros enjeux de cette Assemblée mondiale de la santé portera également sur le futur de l’OMS. Beaucoup appellent à réformer l’organisation, très critiquée pour sa gestion de la pandémie, notamment lors des premiers mois.
Au centre des récriminations, se trouve le Règlement sanitaire international, le système d’alerte de l’OMS. Trop lourd, trop lent, mais pas seulement : « Il y a un système de réunions d’urgence, critiqué pour sa lenteur, avant que l’alerte officielle ne soit déclarée. L’OMS n’a également pas de pouvoir obligatoire pour aller enquêter sur ce qui se passe sur le territoire d’un État membre. Elle doit attendre l’autorisation de cet état », explique Mme Guilbaud.
Toutes ces critiques ne viennent pas seulement d’observateurs extérieurs. On les lit également dans un rapport d’experts indépendants mandatés par l’OMS elle-même pour tirer les leçons de la pandémie. Reste désormais à savoir ce qu’il en sera fait, mais il existe déjà un consensus pour réformer l’organisation.
« Conseil mondial contre les menaces sanitaires »
Emmanuel Macron ne disait pas autre chose vendredi 21 mai en fin de son allocution lors du sommet du G20 consacré à la santé : « Il faut repenser notre système de lutte contre les pandémies ». Le président français donnant alors rendez-vous à cette Assemblée mondiale de la santé.
L’Elysée précise qu’il s’agira de porter conjointement avec les partenaires européens de la France plusieurs propositions : financements plus importants et plus pérennes pour l’OMS, mais également de lui confier cette capacité d’enquête de terrain dès la découverte d’une maladie à potentiel épidémique. L’enjeu sera alors de savoir si ces investigations pourront se mener sans l’accord du pays en question. La Chine, par exemple, a longtemps freiné avant d’accepter des experts sur son sol pour enquêter sur l’origine du Sars-CoV-2.
Si cette réforme de l’OMS est donc menée, reste donc à connaître son ampleur, et les discussions de la semaine à venir viseront à aplanir les divergences de points de vue. L’autre option envisagée serait de changer de niveau, en se plaçant sous l’égide des Nations unies et non de l’OMS. La création d’un « conseil mondial contre les menaces sanitaires » rattaché à l’ONU est également envisagée. Cependant, quelle que soit la piste retenue, celle-ci ne devrait pas être mise en œuvre de sitôt.