Sur fond de scandale d’espionnage américain présumé via le Danemark, divers dirigeants européens disent attendre des explications avant d’en tirer des conclusions. Pour Moscou, tout cela n’est cependant que «la partie émergée de l’iceberg», car «la vérité est bien plus terrible».
Alors que les dirigeants français et allemands attendent des explications de Washington et de Copenhague au lendemain de la révélation par la télévision danoise de l’espionnage de hauts responsables de plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne, par les Américains, Moscou estime qu’il ne s’agit que de «la partie émergée de l’iceberg».
Invitée sur la radio Vesti FM, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a estimé que «la situation est bien plus terrible pour les États membres de l’Otan que ce que tout le monde a pu lire actuellement. Ce dont l’Otan, le secrétaire général de l’Otan et les dirigeants de l’UE essaient de ne pas parler».
«Il me semble que la vérité est bien plus terrible que ce qui est relayé actuellement dans les médias», a-t-elle ajouté.
La démocratie européenne en question
Des médias danois et européens ont relayé le 30 mai une information selon laquelle les États-Unis ont espionné des responsables politiques en Europe, dont la chancelière allemande Angela Merkel de 2012 à 2014, avec l’aide des services de renseignement danois. La France a pour sa part insisté sur la nécessité de tout vérifier avant d’en tirer les conséquences.
«C’est extrêmement grave, il faut vérifier si nos partenaires de l’UE, Danois, ont commis des erreurs ou des fautes dans leur coopération avec les services américains […]. Et puis du côté américain, voir si en effet, il y a eu […] l’écoute, l’espionnage de responsables politiques», a déclaré sur Franceinfo le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, n’écartant pas l’idée d’«en tirer les conséquences en termes de coopération» avec les États-Unis.
«L’Union européenne ne souhaite-t-elle pas imposer des sanctions contre le Danemark à cet égard? L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) n’a-t-elle pas l’intention de publier un communiqué condamnant les services spéciaux américains et danois qui se sont attaqués à ce qui est sacré, c’est-à-dire la vie privée? Mais n’en doutez pas: rien n’arrivera», a-t-il écrit sur sa chaîne Telegram le 31 mai le sénateur russe Alexeï Pouchkov.
Huit ans après l’affaire Snowden
Selon une enquête de la télévision publique danoise DR rendue publique le 30 mai, l’agence nationale de sécurité des États-Unis (NSA) a utilisé un partenariat avec l’unité de renseignement étrangère du Danemark pour espionner des hauts responsables des pays voisins dont la chancelière allemande Angela Merkel et des responsables français, dont les noms n’ont pas été divulgués. DR explique avoir contacté plusieurs sources par le biais des systèmes danois d’écoute de câbles sous-marins de télécommunications.
L’espionnage par Washington de ses alliés européens jusqu’au plus haut niveau est largement connu depuis les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden.
Sur la base des documents secrets révélés par l’ancien agent de la NSA en 2013, les médias avaient déjà pu constater qu’Angela Merkel était mise sur écoute depuis l’ambassade américaine à Berlin. Or, il apparaît désormais que la chancelière fédérale était en effet espionnée depuis au moins deux points en Europe.
En novembre dernier, DR a fait savoir que l’espionnage de ses alliés par Washington s’était poursuivi pendant et après l’affaire Snowden, bien que le dirigeant américain de l’époque Barack Obama ait promis de faire cesser ces activités dans la foulée des révélations.