Le gouvernement maintient l’obligation de porter le masque en extérieur, une mesure soutenue par 67% des Français. Cependant, plusieurs médecins spécialistes, dont certains de l’OMS, tiennent plutôt à une approche diversifiée de l’application de celle-ci, voire à sa suppression.
Alors que plusieurs départements français ont annulé le port du masque à l’extérieur, les opinions sur l’utilité de cette mesure sanitaire divergent entre les spécialistes.
«Je préconise d’arrêter le masque en extérieur, c’est une décision maintenant qui est politique, puisque sur un plan scientifique, il y a un consensus sur le fait qu’on peut tout à fait le retirer», a estimé le 31 mai l’épidémiologiste Martin Blachier sur CNews.
En pointant un manque d’adhésion à la levée du port du masque, constaté dans les récents sondages, le spécialiste a précisé que les gens devaient y être «prêts». En effet, deux Français sur trois (67%) se sont dits favorables au maintien du port du masque en extérieur, selon un baromètre BVA pour RTL et Orange publié le 21 mai.
Le porter «dans les lieux denses»
Interrogé par 20 Minutes, un autre médecin partage le point de vue de son collègue. Selon Michaël Rochoy, spécialiste en épidémiologie, «c’est davantage politique que sanitaire». Il a estimé que son sens sanitaire n’était réel que dans les grandes villes comme Paris, Lille ou Rennes.
Porter un masque peut être efficace «dans les lieux denses» ou statiques «où il y a du monde», comme les terrasses.
Une opinion qui fait écho à une recommandation correspondante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), laquelle préconise sur son site le port du masque «dans les situations où vous n’avez pas la possibilité de garder une distance physique avec les autres». À titre d’exemple, l’OMS cite les marchés, les rues bondées ou encore les arrêts de bus.
En revanche, «mettre le masque à la plage, ça n’a pas de sens, quand on est dans des rues piétonnes avec seulement quelques personnes, ça n’a pas de sens non plus», a lancé le Dr Rochoy.
Se défendre contre d’autres maladies
Une approche des cas par cas a également été évoquée auprès de La Dépêche du Midi par Stéphane Oustric, médecin à Toulouse et président de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne:
«Il n’y a pas de risque à ne pas porter de masque quand on est seul en extérieur, à vélo, d’autant plus quand on est vacciné. Mais il faut à tout prix le porter quand on est statique, dans un espace clos ou en présence d’autres personnes.»
Le médecin a également suggéré de garder le port du masque pour se prémunir contre certaines maladies:
«Cet hiver, on n’a eu peu de gastros, de grippe, de bronchiolite. Des vies ont été sauvées, pourquoi se passer du réflexe masque, que l’on a acquis pendant ces longs mois de pandémie?»
Enfin, plusieurs spécialistes de l’OMS ont conseillé à la mi-mai de tenir compte de l’intensité de la transmission du virus dans la région et du niveau de couverture vaccinale. C’est notamment le cas du directeur chargé des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, et de la chef scientifique de l’organisation Soumya Swaminathan. Elle a rappelé que les vaccins protégeaient «contre l’infection dans une proportion allant de 70 à 80%».
Prévisions des autorités
Emmanuel Macron a mis en garde le 20 mai contre les risques de contamination qui persistent. Il a appelé à «rester prudents» tout en annonçant que le port du masque resterait en vigueur dans l’Hexagone au moins «jusqu’à la fin du mois de juin». Début mai, Olivier Véran a évoqué «cet été» pour espérer une levée de cette mesure.