L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le 31 mai utiliser des vocables grecs «faciles à dire» pour catégoriser les variants de coronavirus. L’objectif est de remplacer les désignations de pays comme le font habituellement les médias.
En recourant à l’alphabet grec pour effacer toute origine d’un variant tel que les médias le font couramment – comme les variants britannique, brésilien ou sud-africain – l’OMS souhaite éviter toute stigmatisation des pays ainsi désignés. L’organisation a mis en ligne un document expliquant quelle lettre serait utilisée pour quel variant. Maria van Kerkhove, responsable des urgences sanitaires à l’OMS, a néanmoins précisé sur son compte Twitter le 31 mai que les vocables grecs ne se substitueraient pas aux noms scientifiques – généralement des successions de chiffres – des variants. Ils ont aussi pour but de «faciliter la discussion» au sujet du Covid-19.
Today, @WHO announces new, easy-to-say labels for #SARSCoV2 Variants of Concern (VOCs) & Interest (VOIs)
They will not replace existing scientific names, but are aimed to help in public discussion of VOI/VOC
Read more here (will be live soon):
https://t.co/VNvjJn8Xcv#COVID19 pic.twitter.com/L9YOfxmKW7— Maria Van Kerkhove (@mvankerkhove) May 31, 2021
Selon la proposition de l’OMS, la mutation Covid-19 connue sous le nom de «variant britannique», ou B.1.1.7, devrait être appelée «Alpha», tandis que la souche répandue en Afrique du Sud est rebaptisée «Beta». Deux variants brésiliens, appelées P.1 et P.2, deviennent respectivement «Gamma» et «Zeta», tandis que deux sous-ensembles du «variant indien» – B.1.617.1 et B.1.617.2 – sont répertoriés comme «Kappa» et «Delta».
«Aucun pays ne devrait être stigmatisé pour la détection et la notification des variants», a poursuivi Maria van Kerkhove, relevant au passage que le système de numérotation utilisé par les chercheurs, évité par les publications non scientifiques, «peut être difficile à suivre».
No country should be stigmatized for detecting and reporting variants.
Globally, we need robust surveillance for variants, incl epi, molecular and sequencing to be carried out and shared. We need to continue to do all we can to reduce the spread of SARS-CoV-2 #COVID19 @WHO
— Maria Van Kerkhove (@mvankerkhove) May 31, 2021
Cette décision prend place alors que l’indignation grandit en Inde à propos de la description de la mutation virale B.1.617 comme étant le «variant indien». Le ministère indien de la Santé a déclaré en avril 2021 que l’étiquette utilisée dans les médias était trompeuse, car l’OMS n’avait pas désigné la souche comme telle. New Delhi aurait de même demandé aux réseaux sociaux de supprimer tous les messages faisant référence à la souche comme étant le «variant indien», estimant qu’une telle désignation serait préjudiciable à l’image du pays.
L’Inde n’est cependant pas la seule à se montrer réticente à la dénomination des variants de Covid-19 en fonction de leur pays d’émergence. En février 2021, le professeur Salim Abdool Karim, alors coprésident du Comité consultatif ministériel sud-africain sur le Covid-19, a déclaré sur CNN qu’il serait préférable d’arrêter d’appeler la souche répandue dans son pays la «variant sud-africain», lui préférant plutôt son nom scientifique : 501Y.V2.