Procès Clément Méric: Esteban Morillo et Samuel Dufour condamnés à 8 et 5 ans de prison

La cour d’assises de l’Essonne a rendu son verdict lors du procès en appel de l’affaire Méric. Des peines moins lourdes qu’en première instance ont été prononcées contre Esteban Morillo et Samuel Dufour qui sont donc condamnés à huit et cinq ans de prison.

Le verdict est tombé lors du procès en appel de l’affaire Clément Méric, jeune militant antifasciste tué en 2013 à Paris en marge d’une vente privée Fred Perry. Esteban Morillo et Samuel Dufour sont donc condamnés respectivement à huit et cinq ans de prison pour son meurtre. Les deux accusés ont accueilli leur sentence dans le calme.

Lors de son réquisitoire, l’avocat général Philippe Courroye a demandé à la cour de retenir l’usage d’un poing américain, ce que les deux accusés ont fermement nié durant les débats. Il a également évoqué la rencontre fortuite des protagonistes et tout en affirmant que leur rencontre n’était pas «le fruit du hasard, il y a eu une montée en puissance et une forme de haine»

Décision très amère

Pour la défense, ce verdict est accueilli très amèrement. Me Triomphe, avocat d’Esteban Morillo, a affirmé que «c’est une peine moins lourde (…) mais une décision très amère pour la défense car difficile à comprendre sur le plan de la vérité» avant d’ajouter auprès de l’Agence France Presse (AFP) que «les passions politiques d’en face, la pression médiatique et surtout la pression idéologique de ceux qui s’étaient déjà attaqués à eux, ont été trop fortes».

Le cas de Samuel Dufour est plus épineux puisque celui-ci n’avait pas pris part à la bagarre ayant entraîné la mort de Clément Méric: le parquet de Paris l’avait ainsi condamné en première instance à huit ans de prison pour avoir empêché les camarades de Clément Méric de lui venir en aide. Son avocat Me Etrillard affirme que «c’est une affaire dans laquelle nos clients se sont défendus d’une agression extérieure, mais il était sans doute trop difficile pour la cour et les jurés de dire la vérité dans ce procès tellement symbolique».

Quant à la famille de Clémént Méric, son avocat Me Cosima Ouhioun a déclaré que «la vérité a été redite ce soir. Clément Méric a été victime d’une agression par des bras armés par des poings américains, mais aussi par une idéologie violente qui a été un poison tant pour les accusés que pour les victimes.»

Idéologisation d’un procès et réquisitoire politique

Plus tôt, des peines de prison de 11 et huit ans avaient été requises contre les deux protagonistes de cette affaire, ce qui n’avait pas manqué de faire réagir l’avocat d’Esteban Morillo Me Triomphe fustigeant «l’idéologisation du procès» et la «folie» d’un réquisitoire «politique». Pour lui, dans cette affaire, tout a été «inversé»: «les agressés sont devenus des agresseurs». Il avait plaidé l’acquittement «au nom de la légitime défense». Quant à l’avocat de Samuel Dufour, Me Ettrillard, il avait déclaré que la mort de Clément Méric était «insupportable, mais ce n’est pas une infraction pénale». Lors de son réquisitoire, Me Ettrillard s’est attelé à mettre au même niveau «la violence d’extrême droite et d’extrême gauche» et de rappeler que la bagarre entre les deux groupes de jeunes s’inscrit dans une «logique de bandes», avec des militants antifascistes soucieux d’exclure les «fachos» de leur «territoire», c’est-à-dire l’appartement où avait lieu la vente privée de vêtements.

Le 5 juin 2013, Clément Méric était décédé à Paris lors d’affrontements entre antifascistes et militants d’extrême droite qui s’étaient croisés de manière fortuite en marge d’une vente privée de vêtements Fred Perry. Outre cette mort, les affrontements avaient fait trois blessés. Dès lors, une vague d’émotion s’était emparée de l’opinion publique française et avait conduit à la dissolution des Jeunesses Nationalistes présidée par Serge Ayoub. D’abord placés en détention provisoire puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, Esteban Morillo et Samuel Dufour avaient été condamnés à 11 et sept ans de prison en première instance en 2018 par la cour d’assises de Paris. Ils avaient fait appel de la décision.

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