La production de pétrole brut de l’Algérie devrait baisser de près de 65% d’ici à 2050, selon une étude réalisée par le « think tank » français « The Shift Project ».
« D’ici à 2050, la production de pétrole brut devrait baisser de près de 65% par rapport à 2019, et représenter environ 130 millions de barils (0,4 millions de barils par jour) », a précisé l’étude sur les perspectives d’approvisionnement de l’Union européenne (UE), publié par les médias algériens.
La même source a relevé qu’à l’horizon 2030, la production algérienne devrait passer en dessous du seuil des 240 millions de barils produits (soit 0,7 million de barils par jour) contre 380 millions de barils en 2019 (1,1 million de baril par jour).
Résultat du taux élevé de déplétion des réserves (79%) et des faibles perspectives de renouvellement, la production de pétrole en Algérie devrait continuer à décliner fortement, explique le rapport qui a fait remarquer que depuis 2007, l’Algérie connaît un recul de la production d’hydrocarbures et « les perspectives ne sont guère prometteuses ».
Cette évolution s’explique avant tout par des raisons géologiques : tout d’abord le déclin des champs matures déjà en production, ensuite le manque de nouvelles découvertes et de nouvelles zones de prospection, a poursuivi la même source.
Quant à l’évolution de la production d’hydrocarbures liquides ( pétrole brut, condensats et liquides de gaz naturel (LGN), elle présente un déclin similaire, de l’ordre de 60% entre 2019 et 2050, constatent les auteurs de l’étude.
Ainsi, la production algérienne représenterait un volume de 220 millions de barils en 2050 (0,6 million de barils par jour), contre un niveau de 540 millions de barils en 2019 (1,5 million de barils par jour) et un maximum de production de 690 millions de barils en 2007 (1,9 million de barils par jour).
D’après la même source, le déclin légèrement moins prononcé de la production totale d’hydrocarbures liquides est dû à l’augmentation de la part des liquides de gaz et condensat, qui devrait passer de 29% en 2020 à 37% en 2050.
Les experts, qui ont réalisé l’étude, font état du recul de 24% de l’extraction d’hydrocarbures liquides depuis le pic de 2007, affirmant que « la multiplication de mises en production de champs de taille tendanciellement décroissante n’a pas permis à ce jour de compenser le déclin des champs géants matures, et d’enrayer la baisse de la production nationale depuis 2007 ».
Selon le document, les réserves en Algérie représentaient en 2020 un volume de près de 6 milliards de barils de pétrole brut, tandis que le montant des découvertes cumulées stagnait autour de 27 milliards de barils.
« L’Algérie a donc exploité depuis les années 1950 environ 79% du total des réserves découvertes à ce jour. Ce volume de 6 milliards de barils correspond à 17 années de production de pétrole brut au rythme de 2020 », soutiennent ces experts.
La difficulté de compenser le déclin des champs matures par la mise en production de champs de taille réduite est amplifiée, explique-t-on, par le fait que les champs contenant plus des deux-tiers des réserves à ce jour présentent un « point mort” estimé très élevé, nettement supérieur à 100 dollars par baril.
« La quasi-totalité de la production à la date de 2020 provient de champs dont la date de découverte est antérieure à 2000 », affirment les auteurs de l’étude. « La production de ces champs devrait diminuer de près de 50% à 2030 et de 92% à 2050 », prévoient-ils, relevant que « l’Algérie possède 25 champs identifiés mais non encore développés situés exclusivement à terre ».
Les champs identifiés non développés ne devraient pas constituer un relais de production suffisant pour contrer le déclin des champs matures, précisent-ils.
Les perspectives de nouvelles découvertes sont également limitées. Au cours de la décennie 2010, l’Algérie s’est placée au 19e rang mondial en ce qui concerne les investissements en exploration.
« Le monopole de la compagnie Sonatrach peut, tout comme le manque de perspectives de découvertes, expliquer cette place intermédiaire », estime-t-on.