Le bras de fer entre un géant de l’IT sud-coréen et des habitants de Séoul a été gagné par ces derniers. Le Chosun Ilboa parle de plusieurs millions d’euros de compensation pour les rayons solaires gênants qui se reflètent sur le gratte-ciel de l’entreprise. Heureusement, il ne s’agit pas de «rayons mortels» de Vdara, à Las Vegas.
L’affaire a commencé en 2016, quand 68 résidents du quartier de Bundang, dans le sud de Séoul, avaient saisi le tribunal pour demander une indemnisation de la part de la compagnie informatique Naver, une des plus grandes sociétés sud-coréennes gérant les plus populaires sites Web du pays, relate le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo.
Le motif du procès: l’inconfort causé par les rayons de soleil qui se reflètent sur les vitres miroir du bâtiment de Naver. Le gratte-ciel à 28 étages, siège du «Google sud-coréen», se situe à 110 mètres des habitations des plaignants.
En première instance, le jugement avait donné raison à ces derniers, mais Naver avait fait appel auprès de la Cour suprême de Séoul, qui n’avait pas trouvé de base pour satisfaire les revendications des habitants. Ceux-ci avaient fait preuve de persévérance en engageant une deuxième action en justice auprès cette fois de la Cour suprême de l’État, laquelle s’est prononcée en faveur de simples résidents, reconnaissant une dégradation de leur qualité de vie.
Le total des compensations que Naver devra verser à ses 68 voisins se monte à presque 2,5 millions d’euros, la compagnie étant également dans l’obligation de prendre des mesures afin de résoudre le problème des reflets lumineux, indique le Chosun Ilbo.
Le journal constate qu’il s’agit d’un précédent judiciaire symbolique quant à ce type de situations, assez fréquentes en Corée du Sud. Pour y remédier, il suffirait d’installer aux fenêtres des stores ou d’appliquer sur les vitres un film adhésif spécial.
Les «rayons mortels» de Vdara et Walkie Talkie
Si les rayons du soleil ont coûté cher au «Google sud-coréen» à Séoul, au moins deux autres gratte-ciel dans le monde sont connus pour leurs reflets lumineux de haute intensité.
Il s’agit de l’hôtel Vdara, 57 étages, ouvert à Las Vegas en décembre 2009, et d’une tour de 38 étages, surnommée Walkie Talkie, dans le quartier d’affaires de Londres, construit entre 2009 et 2014.
Ces édifices, conçus par un architecte uruguayen réputé, Rafael Viñoly, disposent tous les deux des façades courbes qui réverbèrent fortement le rayonnement solaire en augmentant la température sur les terrains avoisinants, au point même d’endommager des objets ou de causer des désagréments aux gens.
À Las Vegas, le cas le plus retentissant est arrivé en 2010. L’avocat américain de Chigago Bill Pintas qui se relaxait au bord d’une piscine, a été légèrement brûlé et surpris de voir un sac plastique se mettre à fondre à côté de lui.
Le gratte-ciel londonien a galvanisé l’opinion publique britannique en 2013, quand le métal sur le toit d’une voiture garée non loin de Walkie Talkie a un peu fondu.
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Ces phénomènes d’échauffement, pouvant rehausser la température jusqu’à 70 degrés, selon Rafael Viñoly lui-même, ont été baptisés «rayons mortels».
Cependant, l’architecte a avoué au média Insider en avoir conscience.
«Je savais que cela se produisait. Mais il y a eu un manque d’instruments et de logiciel pour analyser le problème soigneusement. Quand il [le problème, ndlr] a été identifié dans la deuxième itération de design, nous avons évalué une hausse de température jusqu’à 36 degrés [Celsius]. Mais elle s’est avérée d’environ 72 degrés. Ils appellent cela des ˝rayons mortels˝ parce que si vous vous trouvez exposé là, vous risquez de mourir. C’est phénoménal, cette chose», a révélé M.Viñoly à Insider.
Ce phénomène n’a pourtant tué personne grâce aux mesures prises par les administrations des gratte-ciel. L’hôtel de Vdara à Las Vegas a installé des parasols supplémentaires sur son territoire et prie ses clients de ne pas s’exposer longtemps au soleil.
Pour ce qui est du Walkie Talkie britannique, la City de Londres a payé les réparations de la voiture endommagée pour ensuite fermer trois places de stationnement et couvrir l’édifice avec un second écran.
Des solutions moins coûteuses qu’être traîné devant un tribunal par des riverains.