A l’occasion d’un entretien téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel, le président russe a estimé que l’état des relations entre Moscou et Bruxelles, plombées par les sanctions européennes, n’était pas «satisfaisant».
Lors d’un entretien téléphonique le 7 juin, le président russe Vladimir Poutine et le président du Conseil européen Charles Michel ont évoqué l’état des relations entre la Russie et l’Union européenne (UE), marquées par plusieurs épisodes de tensions sur fond d’affaire Navalny et de sanctions économiques.
Dans un communiqué, le Kremlin rapporte que le chef d’Etat russe a appelé l’Union européenne à renouer une «coopération pragmatique et respectueuse» avec la Russie afin de répondre aux «intérêts communs». Pour le président Vladimir Poutine, bien que «la Russie et l’Union européenne restent des partenaires très importants l’un pour l’autre» sur le plan commercial, l’état actuel des relations ne «[pouvait] toutefois pas être considéré comme satisfaisant».
De son côté, le président du Conseil européen Charles Michel a fait savoir que la position actuelle de l’UE vis-vis de sa relation la Russie demeurait inchangée depuis le sommet européen du 24 mai.
«Le président [Charles] Michel a fait part de la position du Conseil européen sur les relations UE-Russie et a indiqué que lors de leurs discussions de mai, les dirigeants européens avaient condamné les activités russes illégales, provocatrices et perturbatrices contre l’UE, ses Etats membres et au-delà», précise un communiqué du Conseil européen publié à l’issue de l’entretien entre les deux dirigeants.
I conveyed a message of EU unity in my call with president Putin @KremlinRussia_E
The downwards trend in EU-Russia relations can only change if Russia stops disruptive behavior.
Fighting the pandemic and making effective vaccines available to everyone is a goal we discussed. pic.twitter.com/Rhw2B7xMHa
— Charles Michel (@eucopresident) June 7, 2021
Poutine estime que les sanctions de l’UE à l’encontre de la Biélorussie ont un effet «contre-productif»
Autre point de divergence entre la Russie et l’Union européenne : la Biélorussie. Vladimir Poutine a souligné le caractère «contre-productif» des sanctions européennes visant à exercer des pressions sur Minsk à la suite de l’arrestation de l’opposant Roman Protassevitch. Le président Charles Michel a de son côté estimé qu’il était essentiel que les autorités biélorusses «libèrent les prisonniers politiques» et mettent fin «aux répressions en s’engageant dans un dialogue national inclusif». Pour le dirigeant européen, la Russie peut jouer un rôle afin de permettre un «règlement pacifique de la crise».
Malgré les appels répétés de la Russie à ne pas verser dans l’ingérence sur ce dossier, l’UE envisage d’ores et déjà une série de sanctions touchant l’économie du pays. Les exportations de potasse et le transit du gaz russe sont deux pistes, avait expliqué fin mai à l’AFP le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Ces possibilités seront exposées aux ministres des Affaires étrangères des pays membres le 21 juin au Luxembourg. L’unanimité est requise pour l’adoption de sanctions européennes.
La crise liée au Covid-19 et notamment les perspectives de certification dans l’UE du vaccin russe Spoutnik V ont également été abordées alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) refuse toujours d’attribuer une autorisation de mise sur le marché européen du vaccin russe. Malgré le blocage de Bruxelles, la Slovaquie est devenue le 7 juin le second pays de l’Union européenne après la Hongrie à utiliser Spoutnik V.
La situation dans le Haut-Karabagh qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie figurait par ailleurs parmi les sujets examinés. Les deux parties ont souligné l’importance de poursuivre la mise en œuvre cohérente des déclarations des dirigeants de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021, Charles Michel ayant exprimé tout son soutien aux travaux en cours menés notamment avec la participation des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE (Russie, Etats-Unis, France). Les deux dirigeants ont enfin fait part de leur convergence de vue sur la nécessité de résoudre la crise libyenne par la voie politique en soutenant les autorités chargées de mener à bien la période de transition.