Washington n’est pas prêt à détériorer ses relations avec l’Allemagne dans la lutte contre le gazoduc Nord Stream 2, lequel sera achevé quoi qu’il advienne. C’est ainsi qu’Antony Blinken justifie l’abandon des sanctions liées à ce projet qui risque pourtant d’«affaiblir la confiance» de l’Ukraine envers les États-Unis, selon Volodymyr Zelensky.
L’issue la moins souhaitable de l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 pour Washington serait une détérioration de ses relations avec Berlin, a indiqué mardi 8 juin Antony Blinken lors de son intervention devant le comité des affaires étrangères du Sénat.
«La pire issue possible de notre point de vue serait: l’achèvement physique du gazoduc, des relations empoisonnées avec l’Allemagne et aucune incitation pour l’Allemagne à réparer ou atténuer les dommages qui seront causés à l’Ukraine», souligne le secrétaire d’État américain.
Selon lui, c’est la raison du refus américain d’imposer des sanctions à l’opérateur du projet Nord Stream 2 AG.
Cette déclaration intervient alors que dans une interview accordée le 6 juin au média américain Axios, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit désagréablement surpris par la décision des États-Unis de cesser de faire obstacle au Nord Stream 2. Selon lui, la décision de Washington ne vise pas à soutenir l’Ukraine et pourrait «affaiblir la confiance» des Ukrainiens envers les États-Unis.
Un projet «uniquement commercial»
Le gazoduc Nord Stream 2, dont l’achèvement est un «fait accompli» reconnu lundi 7 juin par Antony Blinken, préoccupe l’Ukraine qui craint la perte des paiements pour le transit de gaz à travers son territoire après l’expiration du contrat entre Gazprom et Naftogaz en 2024. En outre, les États-Unis manifestent de l’intérêt pour le marché européen en faisant la promotion de leur gaz naturel liquéfié dont le prix est «25% plus élevé».
Cependant, la Russie a souligné à plusieurs reprises qu’il s’agit d’un projet «uniquement commercial». Ainsi, intervenant le 4 juin lors d’une séance plénière au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a noté que la construction du Nord Stream 2 était liée à l’opportunité économique, et non à des différends politiques avec l’Ukraine, actuellement un pays de transit pour le gaz russe vers l’Europe.
Des bénéfices pour l’Europe
Des avantages ont également été notés en Europe. Ainsi, le gouvernement fédéral allemand estime que la mise en service du Nord Stream 2 entraînera une baisse du prix du gaz sur le marché européen, a rapporté le 3 février le réseau de presse allemand RND.
Selon une réponse du ministère fédéral de l’Économie à une demande d’un député de gauche du Bundestag citée par le RND, le transport du gaz naturel russe via le Nord Stream 2 sera moins cher, car son itinéraire sera raccourci d’environ 2.000 kilomètres comparé à l’itinéraire de transit via l’Ukraine.
L’approvisionnement pour bientôt
L’approvisionnement en gaz via la première conduite du gazoduc Nord Stream 2 pourrait commencer dans les prochains jours. La fin des travaux de construction de la première conduite a été annoncée le 4 juin par le Président russe au Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Selon Vladimir Poutine, les travaux de pose des tubes ont été achevés sur le secteur maritime du pipeline, la seconde conduite sera terminée d’ici deux mois au maximum.