Préoccupée par la «militarisation russe» dans l’Arctique, la cheffe de la diplomatie norvégienne juge que ceci relève d’«un enjeu stratégique pour la Norvège, mais aussi pour l’Otan». Une crainte exprimée alors que Moscou pointe «le cap d’Oslo pour militariser» la région en y autorisant plus d’exercices de l’Alliance.
Peu de temps après que Vladimir Poutine a réitéré les causes de l’activité de la Russie dans l’Arctique, où le Kremlin restaure d’anciennes installations datant de l’époque soviétique, la ministre norvégienne des Affaires étrangères Ine Eriksen Søreide a livré ses préoccupations face à «l’activité croissante de la Russie» dans la région.
«Nous devons également être conscients de [son] augmentation et de la signification stratégique des récents développements. Non seulement pour la Norvège, mais aussi pour l’Otan, par exemple en ce qui concerne les nouvelles installations militaires russes sur la péninsule de Kola.»
Selon la cheffe de la diplomatie norvégienne, «dans le pire des cas, la militarisation russe dans la région pourrait [les] couper du renfort des troupes américaines»:
«Autrement dit, c’est un enjeu stratégique pour la Norvège, mais aussi pour l’Otan».
«Cap d’Oslo pour militariser l’Arctique»
Au mois de mai, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova avait dénoncé «le cap dur (norvégien) de militariser l’Arctique» en tentant de «complaire à ses partenaires supérieurs au sein de l’Otan».
Ine Eriksen Søreide met en cause l’activité russe dans la région, laquelle la pousse à y autoriser davantage de manœuvres. Par exemple, le 7 juin, l’Otan a lancé l’un des plus grands exercices internationaux d’avions de combat, l’Arctic Challenge Exercise, qui se déroule tous les deux ans au-dessus du Cercle arctique.
«Nous devons nous entraîner et [le faire] régulièrement avec nos alliés. C’est une façon de trouver un équilibre entre dissuader et rassurer la Russie», a-t-elle insisté.
Activité «parfaitement légale et légitime»
«Nous avons des questions à nos voisins comme la Norvège, qui tente de manières différentes de forcer le passage de l’Otan dans l’Arctique», a déclaré Sergueï Lavrov en se prononçant fin mai en Islande lors du Conseil de l’Arctique.
Il a poursuivi que «si quelqu’un veut plus de prévisibilité, veut réduire les risques d’un plan militaire, [il] propose de reprendre le mécanisme des réunions régulières des chefs d’état-major des forces armées des pays membres du Conseil de l’Arctique», lequel avait été gelé il y a quelques années par l’Occident.
Le ministre a précisé que Moscou avait formulé cette proposition il y a longtemps.
Expliquant que la Russie «répond de la sécurité de [son] littoral», Sergueï Lavrov a tranché que «l’activité militaire» du pays dans l’Arctique était «parfaitement légale et légitime».
«Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe ses activités militaires dans l’Arctique, mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire».
Préoccupations des États-Unis
Le dossier de l’Arctique ayant été notamment au cœur du sommet Poutine-Biden, un haut responsable américain a pointé «deux préoccupations» quant à ce sujet, dont la militarisation russe et la route maritime du Nord:
«Parce que la glace fond si vite et parce que la route est maintenant passable pendant une période beaucoup plus longue de l’année, cela va augmenter le trafic et cela augmente de potentiels accidents, des incompréhensions, des erreurs de calcul.»
Intervenant à ce sujet lors de sa conférence de presse à Genève, Vladimir Poutine a déclaré que les préoccupations américaines à propos d’une potentielle militarisation du continent blanc par Moscou étaient infondées puisque la Russie restaurait les infrastructures qui existaient du temps de l’Union soviétique.
«Oui, nous le faisons à un niveau moderne. [Nous restaurons] l’infrastructure militaire, des gardes-frontières, mais aussi ce qui n’y existait pas, c’est-à-dire concernant la protection de la nature. Nous y construisons une base appropriée pour le ministère des Situations d’urgence en vue d’opérations de sauvetage en mer», a expliqué le Président.