La vaccination obligatoire plane de nouveau sur les soignants français – video

Évoquée depuis le début de la campagne vaccinale et préconisée par l’Académie nationale de médecine, la vaccination obligatoire, au moins pour les soignants des Ehpad, pourrait devenir effective vers la fin de l’été. Pour se justifier, des soignants soulignent le manque de confiance dans les déclarations des autorités.

Après plus de six mois de campagne, avec 60% de la population adulte ayant reçu au moins une dose, la question de l’obligation vaccinale est de retour.

Début mars, la presse rapportait qu’Emmanuel Macron songerait à rendre obligatoire la vaccination du personnel hospitalier et des Ehpad au vu de la proportion insuffisante des vaccinés. Une initiative qui aurait été ensuite abandonnée… jusqu’à la fin mai, quand l’Académie nationale de médecine a recommandé la vaccination obligatoire pour certaines professions, y compris le personnel médical.

Le 17 juin, le ministre de la Santé a lancé un «appel solennel» aux soignants afin de les inciter à se faire vacciner contre le coronavirus, soulignant que si la couverture vaccinale ne s’améliorait pas, il rendrait obligatoire la vaccination du personnel des Ehpad.

Selon le ministère de la Santé, seulement 50% des soignants travaillant en Ehpad ont reçu au moins une injection, contre près de 60% des adultes de la population générale. En revanche, chez les médecins de ville, ce taux s’élève à 85%. Or, pour atteindre l’immunité collective, 90% de la population adulte doit être vaccinée, ou 80% de la population générale, adolescents inclus.

«Il n’y a aucune justification, rien qui justifie que lorsqu’on est soignant en Ehpad on décide de ne pas se faire vacciner», a insisté Olivier Véran sur BFMTV.

Le ministre ajoute toutefois préférer la persuasion à l’obligation.

«On ne prendra pas le risque qu’à la rentrée — s’il devait y avoir un variant qui circule ou une reprise épidémique avec les conditions automnales —d’exposer des personnes fragiles, âgées, en établissement du fait que des soignants auraient refusé de se faire vacciner», a-t-il ajouté.

«Plus d’excuses»

Pour l’Académie nationale de médecine qui préconise cette mesure depuis longtemps, l’obligation vaccinale est le seul moyen d’obtenir la couverture suffisante pour atteindre l’immunité collective.

«[Sans obligation] on arrivera, dans le meilleur des cas à 50 ou 60% de couverture vaccinale pour l’ensemble de la population, alors qu’il en faut 80%. On court alors le risque d’avoir de gros problèmes à l’automne», expose Yves Buisson, épidémiologiste et président du groupe Covid-19 à l’Académie nationale de médecine, dans une interview à LCI.

Il explique que le virus continuera de circuler et que des variants plus contagieux risquent d’être importés en France vers l’automne. Selon l’épidémiologiste, le gouvernement a parfaitement conscience de la nécessité de l’obligation, mais «il hésite pour des raisons qui ne sont pas scientifiques».

 «Je ne comprends pas pourquoi le ministre de la Santé laisse planer le doute sur la date de cette décision. Ça devrait être fait depuis longtemps, il ne devrait plus y avoir de doutes», lance le scientifique avant d’ajouter: «On ne peut plus dire, désormais, qu’on manque de doses, de recul ou je ne sais quoi. On sait que le vaccin est efficace, il est très bien toléré. Donc il n’y a plus d’excuses».

Toujours selon l’Académie nationale de médecine, environ 15% de la population française hésite et 15% sont anti-vaccins.

«Trop d’informations confuses»

Du côté des soignants non vaccinés, l’abondance d’informations confuses sur la crise et le traumatisme général des personnels des Ehpad sont évoqués comme principaux arguments concernant leur réticence.

C’est le cas d’une soignante dans un Ehpad public des Hauts-de-Seine Malika Belarbi qui a témoigné sur RMC le 17 juin:

«Le traumatisme des soignants a freiné cette volonté de se faire vacciner […]. Le problème c’est qu’on a perdu confiance […], parce qu’on a tellement eu d’informations confuses sur la crise sanitaire, sur son organisation, sur la mise en place des vaccins».

Toujours en lien avec ce traumatisme, elle évoque le manque de matériels, de masques, notamment au début de la crise en 2020.

Enfin, bien qu’elle ait l’intention de se faire vacciner, elle pointe le manque d’informations claires au début de la crise sanitaire.

Rejoignez News-Front sur Facebook, GAB, Vkontakte, et Telegram pour découvrir le choix de l’équipe