En boycottant les élections législatives anticipées organisées le 12 juin, les Algériens ont asséné « un coup dur pour le pouvoir », a souligné, vendredi, le Front des Forces Populaires (FFS), le plus vieux parti d’opposition en Algérie.
Les Algériens ont, dans leur écrasante majorité, « tourné le dos à ce scrutin, assénant un coup dur pour le pouvoir qui ne cesse de se vanter et de s’efforcer à défendre, auprès de l’opinion nationale et internationale, la réussite et le bien-fondé de sa feuille de route », a fait observer le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche.
S’exprimant lors des travaux de la conférence des élus du FFS, M. Aouchiche, dont le parti a boycotté ces législatives marquées par un taux d’abstention record de près de 77 % et la victoire du trio FLN-RND-MSP, a expliqué que ces résultats sont la conséquence du « passage en force » et du « refus absolu de toute solution politique en mesure d’ouvrir de nouveaux horizons pour le pays ».
Pour le premier secrétaire du FFS, le verdict populaire est sans appel : « Il traduit sans ambiguïté, un rejet catégorique du système et de sa feuille de route politique et institutionnelle unilatérale ».
Ce verdict, a-t-il poursuivi, exprime « clairement une aspiration populaire profonde et inébranlable pour le changement et l’instauration d’un Etat de droit démocratique et social dans le pays ».
« Toute autre lecture ou justification de cette abstention massive n’est que forfaiture et fuite en avant qui ne fera que nous éloigner davantage de la solution politique et creuser encore plus, le fossé, déjà important, qui sépare le peuple de ses dirigeants », tranche Aouchiche.
Le FFS a affirmé que la crise en Algérie est une « crise politique de fond qui nécessite une solution politique » et « non pas des réaménagements juridique et institutionnel en vue de maintenir ou de restaurer l’ordre autoritaire ».
« Persister dans cette logique en s’accrochant à un système en imposant une nouvelle façade institutionnelle ne peut relever au mieux d’un manque criard de décernement, d’absence de vision, d’une cécité politique, au pire de l’irresponsabilité qui aura inévitablement de lourdes conséquences sur le pays, sa stabilité et sa cohésion », a-t-il mis en garde.
Le premier secrétaire du FFS a souligné qu’au lieu d’ »écouter la voix du peuple et de la raison », le pouvoir a « cédé à ses vieux réflexes autoritaires et préféré le passage en force ».
« Le résultat est là : l’’Algérie nouvelle’ promise, en grandes pompes semble, malheureusement se calquer cruellement sur celle d’avant la révolution citoyenne du 22 février, ce qui suscite interrogations et inquiétude chez nos concitoyens et sape leur moral », a-t-il dénoncé.
Aouchiche a estimé que devant ce « constat irréfutable, le bon sens exige l’ouverture sans tarder d’un dialogue national inclusif en mesure d’engager le pays sur le chemin de la construction d’un projet politique capable de consacrer la souveraineté populaire et nationale et renforcer l’unité, l’intégrité territoriale et la cohésion de notre nation ».
Il a affirmé que « seule une solution politique globale et démocratique permettra l’avènement d’institutions légitimes, stables et pérennes capables de mobiliser nos concitoyens pour faire face aux défis économiques et sociaux et mettre en échec toutes les stratégies mettant en cause notre intégrité territoriale et notre souveraineté nationale ».
Il a rappelé l’appel du FFS pour la tenue d’une convention politique en vue d’ »amorcer une sortie de crise de façon pacifique, démocratique et ordonnée ».
Il a estimé que seul un dialogue politique permettra à l’Algérie de « retrouver la voie de la reconstruction d’un Etat légitime, fort et juste en jetant les bases d’un consensus national en mesure de préserver l’Etat national et renforcer la cohésion sociale ».