La Cour constitutionnelle turque a validé lundi un acte d’accusation déposé par un procureur qui réclame l’interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) en raison de ses liens présumés avec des militants du PKK, ont déclaré les médias d’État.
Un premier acte d’accusation avait été transmis à la Cour constitutionnelle en mars par le procureur général de la Cour de cassation mais la Cour suprême l’avait rejeté en raison de vices procéduraux.
Une nouvelle version de l’acte d’accusation a été déposée début juin et c’est cette dernière qui vient d’être validée à l’unanimité par les membres de la Cour constitutionnelle, ouvrant ainsi la voie à un procès pour interdire le troisième plus grand parti du Parlement.
L’acte d’accusation va maintenant être adressé à la défense du HDP. Selon l’agence de presse Anadolu, les juges ont en revanche rejeté une tentative de blocage des comptes du parti.
Cette affaire est le point culminant d’une répression menée depuis des années contre le HDP, au cours de laquelle des milliers de ses membres ont été jugés pour des motifs essentiellement liés au terrorisme.
Le parti nie tout lien avec le terrorisme et a déclaré que l’affaire était une « opération politique ».
Les alliés nationalistes de l’AKP, le parti du président turque Recep Tayyip Erdogan, demandent l’interdiction du HDP en raison de ses liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Cette pression coïncide avec la chute de la popularité de l’AKP et de ses alliés dans les sondages, alors que le gouvernement d’Erdogan lutte contre les retombées économiques de la pandémie de coronavirus.
Les élections ne sont pas prévues avant 2023.
La Turquie a une longue tradition de fermeture des partis politiques considérés comme une menace et a interdit par le passé une série d’autres partis pro-kurdes. Ses détracteurs affirment que son système judiciaire est soumis à une influence politique, ce que l’AKP et ses alliés réfutent.
Lors des élections législatives de 2018, le HDP avait remporté 11,7% des voix, soit près de 6 millions de votes. Il compte 55 députés à l’assemblée qui compte 600 sièges.
« L’assaut complet contre le HDP & le droit des millions de personnes qui ont voté pour lui pour les représenter se poursuit », a dénoncé sur Twitter Emma Sinclair-Webb de Human Rights Watch.