Dans le contexte de la pandémie, les extrémistes et terroristes ont trouvé une source prometteuse de propagande de leurs idées sur Internet, où ils visent différentes couches de la société et en particulier les jeunes, a averti le chef du FSB russe.
Ceux qui propagent le terrorisme sur Internet profitent activement des angoisses de la population sur fond de pandémie de coronavirus, toute une infrastructure «fabriquant» de nouveaux terroristes s’est formée en ligne, a déclaré ce mercredi le directeur du Service fédéral de sécurité russe (FSB) Alexandre Bortnikov.
«L’isolement de presque tous a suscité une croissance accélérée de la communication en ligne. Les crises qui se sont aggravées pendant la pandémie, les craintes des citoyens pour leur santé et généralement l’incertitude sur l’avenir ont fait monter l’anxiété et les tensions sociales dans différents pays», ce qui profite aux malfaiteurs, a-t-il expliqué lors d’une conférence sur la sécurité internationale à Moscou.
Les «bienfaits» de la crise.
Les extrémistes travaillent activement tant avec les couches peu protégées de la société qu’avec la classe moyenne dont la situation économique s’est dégradée, selon lui.
Cette «infrastructure» «fabrique de futurs terroristes», avertit le responsable.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables, selon lui, car ils sont visés sur les réseaux sociaux et les chats de jeux en ligne multijoueurs. Qui plus est, des groupes islamistes ont déjà créé leurs propres clones de jeux capables d’influencer la conscience de partisans potentiels du terrorisme et de l’extrémisme en simulant entre autres des situations d’attentats.
La législation russe à l’attaque.
Cherchant à obtenir la suppression rapide du contenu interdit dans le pays, le régulateur russe des télécommunications a annoncé, en mars dernier, le «freinage primaire» de Twitter en Russie, promettant d’aller jusqu’au blocage si le contenu jugé illicite n’était pas supprimé. Vers la mi-mai, il a indiqué que les limitations ne resteraient en vigueur que sur les appareils mobiles car plus de 90% du contenu illicite avait été supprimé.
Fin mai, les services de Google risquaient eux aussi de voir leur trafic freiné en Russie. Le régulateur avait alors constaté que quelque 5.000 contenus jugés illicites, dont de la pédopornographie, étaient toujours disponibles sur YouTube. En outre, entre 20 et 30% des liens menant vers du contenu illicite n’avait pas été supprimé des résultats de recherche. L’organisme avait alors menacé de freiner le trafic des services de Google.
La semaine dernière, la chambre basse du Parlement russe a adopté une loi durcissant la régulation des activités des principales sociétés du Web étrangères en Russie. Le blocage sera la mesure la plus sévère menaçant ceux qui refusent de suivre les nouvelles règles. Pour l’instant, la liste des cibles potentielles comporte 20 sociétés dont les réseaux sociaux Facebook, Instagram, TikTok, Twitter, les plateformes YouTube et Twitch.tv.
La suppression comme moyen de lutte.
Certaines plateformes réagissent déjà à la multiplication de ces manifestations de l’extrémisme violent en ligne. Ainsi, la messagerie instantanée Discord a supprimé sur ce motif 1.504 serveurs dans les six derniers mois de 2020, ce qui représente une hausse de 93% par rapport à la première moitié de l’année, relate le site québécois consacré aux jeux vidéo Pèse sur start.
Le ministre français de l’Intérieur constatait en avril que «nous avons désormais affaire sur notre sol à des individus isolés, de plus en plus jeunes, inconnus des services de renseignement avant leur passage à l’acte et sans forcément de lien avec des réseaux islamistes constitués», dont l’usage d’Internet et des réseaux sociaux «rend difficile leur repérage». «La loi doit nous permettre d’être plus efficaces, en nous renforçant sur le terrain de la technologie qu’utilisent les terroristes», avait ajouté Gérald Darmanin.
Dans l’UE, de nouvelles règles relatives à la lutte contre les contenus à caractère terroriste en ligne sont entrées en vigueur début juin. Les plateformes en ligne devront supprimer dans un délai d’une heure les contenus à caractère terroriste signalés par les autorités des États membres. Ces règles doivent aider à «lutter contre la propagation d’idéologies extrémistes en ligne afin de prévenir les attaques et la radicalisation, tout en prévoyant des garanties solides pour assurer le plein respect des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et d’information».