L’opérateur privé Adrexo, chargé de distribuer les professions de foi dans 51 départements, a estimé à 9% le nombre de plis électoraux non acheminés pour le premier tour des régionales. Un taux que le ministère de l’Intérieur doit encore vérifier.
La Poste va reprendre la distribution de 5 millions de plis de propagande électorale confiés initialement à la société Adrexo, a annoncé l’entreprise publique le 23 juin, au moment où le gouvernement essaie d’éteindre la polémique déclenchée par les ratés de l’acheminement des courriers du premier tour des régionales. «Malgré les difficultés inhérentes à l’exécution de cette prestation dans des conditions extrêmement contraintes, La Poste et les facteurs se mobiliseront, comme ils l’ont toujours fait, afin de contribuer au meilleur déroulement possible des opérations du second tour des élections régionales et départementales 2021», précise un communiqué du groupe postal.
Adrexo, chargé de distribuer les professions de foi dans 51 départements de sept régions, estime à 9% le nombre de plis électoraux non acheminés à leurs destinataires pour le premier tour, a indiqué le 23 juin devant le Sénat le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. La Poste annonce un chiffre équivalent. «Nous regarderons au ministère de l’Intérieur» si ce chiffre a été «minoré», a ajouté le ministre.
Adrexo assure avoir été victime d’une attaque informatique
Adrexo et La Poste, désignés prestataires pour la distribution à la suite d’un appel d’offres, se sont faits vertement épingler en fin de campagne. Le 19 juin, les collectivités locales (Association des maires de France, Assemblée des départements de France et régions de France) ont déploré une «défaillance inacceptable», qui «ne peut qu’alimenter l’abstention».
Adrexo, spécialisée dans la distribution d’imprimés publicitaires, assure avoir remis 44 millions de plis pour le premier tour, mais a fait état d’une attaque informatique pour expliquer ses difficultés. Pour le second tour, elle demande ainsi le «renfort» de La Poste «pour garantir le meilleur service de distribution à l’ensemble des électeurs».
« La difficulté principale, c’est le principe de la mise en concurrence par appel d’offres »
«Alors que plus de 20 000 collaborateurs d’Adrexo étaient mobilisés au premier tour pour assurer cette mission sur sept régions, force est de constater que l’attention politique et médiatique portée ces derniers jours, en jetant le discrédit sur cette activité et ses acteurs, a augmenté fortement le risque de désistement d’une partie du personnel de distribution», justifie Adrexo. «C’est pourquoi, en conscience et en entreprise responsable, Adrexo a souhaité faire appel au soutien de son confrère pour assurer la distribution dans les zones où des tensions sont à craindre», ajoute la société.
Le Sénat doit acter formellement ce 24 juin la création d’une commission d’enquête sur cette affaire, les oppositions dénonçant «un scandale», «une faute» du gouvernement. Depuis une loi de 2005 transposant deux directives postales européennes, la distribution des documents électoraux est soumise à la concurrence.
Auditionné par les sénateurs, Gérald Darmanin s’est dit favorable à ce qu’il n’y ait «pas de concurrence» dans la distribution des documents électoraux : «La difficulté principale, c’est le principe de la mise en concurrence par appel d’offres avec une société qui manifestement n’était pas à la hauteur du marché», a-t-il dit. «Si demain le Parlement souhaitait que nous reprenions en régie un certain nombre de choses, notamment pour assurer le service public des élections, personnellement je n’y verrais pas d’inconvénient», a-t-il ajouté.