Le problème mondial que constitue la drogue menace d’aggraver l’impact de la pandémie et de compromettre les chances d’un relèvement sain et inclusif, a averti le Secrétaire général de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, célébrée ce samedi.
« S’il y a bien une leçon à tirer de la pandémie, c’est que la science et la foi en la science sont sorties vainqueur de cette tragédie et que, pour se débarrasser du virus, le monde doit compter sur l’une et sur l’autre. Les scientifiques ont mis au point des vaccins sûrs et efficaces en un temps record. L’accès à des informations fiables et vérifiables est une question de vie ou de mort. Il en va de même dans la lutte contre la drogue : notre action doit se fonder sur des faits », a déclaré Antonio Guterres dans un message pour marquer cette Journée.
Selon le Rapport mondial sur les drogues 2021 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, publié cette semaine, le nombre de morts imputables à des troubles liés à la consommation de drogues a presque doublé au cours de la décennie. Ces dernières années, une diminution du nombre de nouvelles infections au VIH chez les adultes du monde entier a été constatée, mais pas chez les consommateurs de drogues injectables, qui représentaient 10 % des personnes nouvellement infectées en 2019, a relevé le chef de l’ONU.
Selon lui, la coopération internationale a permis d’endiguer la prolifération de nouvelles substances psychoactives, mais le problème touche désormais des régions plus pauvres où les dispositifs de contrôle sont moins solides. « Sur le dark Web, la vente de drogues poursuit sa hausse, tandis que l’utilisation de produits pharmaceutiques, notamment d’opioïdes, à des fins non médicales ne cesse d’augmenter ».
Le Secrétaire général a aussi fait observer que le trafic de drogue et la criminalité organisée alimentent les cycles de violence et perpétuent les conflits. « Les groupes armés et les terroristes tirent profit du trafic de drogues et la pandémie de COVID-19, par ses répercussions désastreuses sur l’économie, a rendu des millions de personnes plus dépendantes encore des revenus de la drogue et de la culture de plantes illicites », a-t-il déploré.
Le chef de l’ONU a aussi noté que plusieurs facteurs de risque conduisant à la criminalité et à la violence mènent aussi à la toxicomanie. En prenant des mesures ciblées pour rompre cette double dynamique, y compris en luttant contre les mauvais traitements infligés aux enfants et en remédiant à l’absence d’aide sociale, on peut renforcer la prévention, a-t-il préconisé.
« En outre, les recherches montrent que la police et la justice doivent avant tout s’attaquer aux personnes situées à la tête du trafic, car ce sont elles qui récoltent les plus gros bénéfices et qui causent le plus de violence », a-t-il expliqué.
Sur le nouveau front qui s’ouvre dans la lutte contre les trafiquants de drogues, qui recourent de plus en plus souvent au transport de marchandises et aux services postaux pour déplacer leurs produits illicites, les partenariats public-privé avec les entreprises technologiques, les services de poste et de messagerie et les sociétés de transport sont une arme essentielle, a estimé M. Guterres.
« Grâce à des données de plus en plus précises, on peut repérer plus facilement les tendances et surveiller en temps réel les changements dans les routes du trafic. Les systèmes d’alerte rapide, alimentés par des données scientifiques, permettent aujourd’hui d’anticiper les nouvelles menaces. Il faut aider les pays à faible revenu à tirer parti de ces dispositifs perfectionnés en renforçant la coopération et l’aide internationales », a-t-il ajouté.