Alors que le Nord Stream 2 est presque achevé, Washington et Berlin étudient les moyens d’investir dans le secteur énergétique de l’Ukraine pour compenser les pertes que le pays, sévèrement opposé au projet russe, risque de subir suite à sa mise en exploitation, relate Bloomberg. Une initiative qui revêt des enjeux géopolitiques.
Bien que Joe Biden ait annulé les sanctions pesant sur l’entreprise chargée du Nord Stream 2, le projet de ce gazoduc continue de préoccuper Washington.
Aux côtés de Berlin, il étudie les moyens de limiter ses «gains géopolitiques» pour la Russie et de renforcer le secteur énergétique de l’Ukraine, rapporte Bloomberg en se référant à ses sources.
Les parties discutent de la possibilité de financer la construction de centrales électriques en Ukraine et d’y développer des infrastructures. En plus de cela, Berlin s’est dit prêt à négocier avec Moscou la prolongation des quotas de transit pour Kiev, indique l’agence de presse. Les principales dispositions de ce plan d’action devraient être élaborées pour la prochaine visite de la chancelière allemande à Washington, prévue pour la mi-juillet.
Cette annonce intervient après que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a estimé que la Russie pouvait menacer l’Ukraine avec son gazoduc susceptible de présenter un éventuel outil coercitif. Une «arme contre l’Ukraine ou qui que ce soit en Europe», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Berlin avec son homologue allemand Heiko Maas.
Divergence de vues
La création d’un mécanisme censé suspendre la livraison de gaz via le Nord Stream 2 en cas de pression de Moscou sur Kiev a également fait l’objet de discussions entre les deux pays, poursuit Bloomberg. Cependant, Berlin a protesté, Washington se montrant pour sa part peu convaincu par le succès de cette initiative d’un point de vue technique.
Il n’est pas encore clair si Berlin et Washington sont proches d’un accord en la matière, précise l’agence.
Des discussions se tiennent entre le département d’État et le ministère allemand des Affaires étrangères, avec le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan et le conseiller à la Sécurité et aux affaires étrangères de Merkel, Jan Hecker, indique Bloomberg.
Sullivan et Hecker se sont rencontrés le 2 juin, lorsque des experts des deux parties ont discuté des risques que le Nord Stream 2 «fait peser sur l’Ukraine et la sécurité énergétique européenne», a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Emily Horne, dans un communiqué.
Interrogé par CNN sur l’opposition des États-Unis à la construction du gazoduc, Jack Sullivan a réaffirmé la pertinence des sanctions contre les entreprises russes impliquées dans le projet.
La question se pose de savoir si Washington est prêt à cibler ses «partenaires européens, [ses] alliés et amis», a-t-il précisé. Le Président américain s’est toutefois dit être disposé «à sanctionner tous les 90 jours des organisations russes participant à la construction du Nord Stream 2», a ajouté le conseiller américain.
Auparavant, Joe Biden avait jugé les sanctions contre-productives contre un projet achevé à plus de 90%, estimant que leur maintien pourrait porter atteinte aux relations entre les États-Unis et l’Europe, notamment avec l’Allemagne. Que cela plaise ou non à Washington, ce pays y «a investi des sommes énormes» et l’achèvement des travaux est «un fait accompli», avait souligné Antony Blinken.
Dernière ligne droite
L’opérateur du gazoduc a annoncé le 10 juin que la construction de la partie maritime de la première conduite était achevée et qu’il s’occuperait maintenant «de remplir la conduite de gaz».
Début juin, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a déclaré que la fin des travaux était prévue pour fin 2021.
Le gazoduc sera composé de deux conduites d’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes par an, s’étirant à partir de la côte russe jusqu’à l’Allemagne en passant par le fond de la mer Baltique.