Malgré les efforts de Merkel et de Macron, l’UE n’a pas voulu reproduire le sommet Poutine-Biden et en organiser un similaire entre Bruxelles et Moscou. Pour Sergueï Lavrov, il s’agit du diktat de la minorité russophobe, surtout venant des pays baltes et de la Pologne.
L’idée de la France et de l’Allemagne d’organiser un sommet Russie-UE a été enterrée, à peine formulée, à cause de la position de la minorité russophobe en Europe, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères dans une tribune publiée ce lundi par le journal Kommersant et la revue Rossiïa v globalnoï politike.
«La politique de l’UE est de plus en plus souvent déterminée par une minorité russophobe agressive, ce qui a été complètement confirmé lors du sommet de Bruxelles les 24 et 25 juin lequel a porté sur les perspectives des relations avec la Russie. L’initiative d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron concernant une rencontre avec Vladimir Poutine a été enterrée en ayant à peine eu le temps de naître.»
Des sanctions «au cas où»
Juste après les pourparlers entre les Présidents Poutine et Biden à Genève le 16 juin, «les leaders de l’UE et de l’Otan se sont empressés de déclarer que rien n’avait changé dans leurs approches envers la Russie. Qui plus est, ils se sont dits prêts à une détérioration ultérieure des relations avec Moscou», a mentionné le ministre.
«Des observateurs ont noté que les États-Unis, par le fait même du sommet russo-américain à Genève, ont comme donné le feu vert à cette initiative, mais les peuples baltes et les Polonais ont mis fin à cette “initiative personnelle” de Berlin et de Paris (et les ambassadeurs d’Allemagne et de France ont été convoqués au ministère ukrainien des Affaires étrangères pour s’expliquer sur ladite “initiative”)», a-t-il souligné.
Les discussions à Bruxelles ont finalement abouti à une demande à la Commission européenne et au Service européen pour l’action extérieure d’élaborer de nouvelles sanctions contre Moscou, «sans préciser des “péchés” quelconques, mais juste pour en avoir en réserve. S’ils le veulent, ils inventeront quelque chose».
Un échec capital –
Lors du sommet des vingt-Sept le 24 juin, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont échoué à convaincre leurs homologues de restaurer un dialogue direct avec la Russie et d’organiser une rencontre entre l’UE et Vladimir Poutine, à l’exemple de celui de Genève. Plusieurs heures de discussions se sont avérées vaines.
L’initiative a été rejetée par les pays baltes, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas. Ayant regretté une telle fermeture, la Russie s’est néanmoins dite «favorable à l’établissement de relations de travail» avec l’Europe, selon le porte-parole du Kremlin. Sergueï Lavrov avait estimé que la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine aurait pu être perçue comme le «signal qu’il est désormais possible de se montrer un peu plus autonomes.» Mais l’UE ne l’a pas entendu.
Le sommet en question –
La rencontre entre Poutine et Biden a porté sur un large éventail de questions et a abouti à une déclaration commune au sujet de la sécurité stratégique. Devant les journalistes, Vladimir Poutine a qualifié l’échange de «constructif», et Joe Biden a souligné son caractère «bon» et «positif».
«Il me semble que nous avons pu nous comprendre, comprendre nos positions sur les questions clés», a encore indiqué Vladimir Poutine.
Pour sa part, l’administration américaine a estimé que le sommet avait permis d’ouvrir la voie à une éventuelle amélioration des relations entre les deux pays, bien que le succès ne soit pas garanti, selon le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan.