Une entreprise japonaise force ses télétravailleurs à payer leurs collègues de bureau

Avec le ralentissement de la pandémie au Japon, une entreprise veut faire revenir ses employés au bureau en taxant le télétravail. En France, le travail à distance semble aussi battre de l’aile.

Alors que l’état d’urgence a été levé au Japon mi-juin et que les Jeux olympiques de Tokyo se profilent, certaines entreprises songent déjà à l’après-pandémie. Disco Corp., fabricant d’équipements semi-conducteurs, a ainsi décidé de freiner le travail à distance en exigeant que les télétravailleurs paient pour leurs collègues de bureaux, rapporte Bloomberg.

Il faut dire que la société fonctionne sur un modèle économique peu banal. Basée à Tokyo, elle a développé une monnaie interne à l’entreprise baptisée Will, qui circule entre chaque département. Les équipes de vente paient ainsi des ouvriers d’usine pour produire des biens, qui à leur tour paient des ingénieurs pour concevoir des produits. Même les bureaux et salles de réunion ont un prix.

C’est en vertu de ce modèle que Disco a choisi de faire payer les télétravailleurs au profit des employés œuvrant sur place. Le contexte s’y prêtait également, l’entreprise n’ayant pas la possibilité de laisser tous ses salariés travailler à distance et étant forcée d’en maintenir certains au bureau.

«Obliger certaines personnes à venir alors que d’autres restent à la maison est injuste. La monnaie d’entreprise permet une incitation comportementale, mais le choix final vous appartient», explique à Bloomberg, Kazuma Sekiya, directeur général de Disco.

Une méthode qui a l’air de porter ses fruits puisque 90% du personnel travaille aujourd’hui en présentiel, contre 40% au début de la pandémie. Les employés présents depuis le début ont d’ailleurs eu droit à des primes considérables, déclare Kazuma Sekiya. Certains salariés ont cependant désapprouvé l’approche, la trouvant trop dure, et ont démissionné.

Vers la fin du télétravail?

Un temps plébiscité en France, le télétravail paraît être en perte de vitesse alors que les restrictions sanitaires se sont allégées. Depuis le 9 juin, le gouvernement a d’ailleurs acté la fin du télétravail à 100% en entreprise, laissant aux employeurs le choix de fixer un nombre minimal de jours de travail à distance par semaine.

Côté fonction publique, un nouveau protocole sanitaire devrait fixer à trois le nombre de jours de télétravail par semaine à compter du 1er juillet, rapportait BFM TV le 29 juin.

La crise sanitaire pourrait cependant avoir modifié certaines habitudes de travail sur le long terme et de nombreux salariés semblent vouloir que le télétravail s’ancre dans les mœurs. Ainsi, 56% d’entre eux souhaitent continuer à travailler à distance à hauteur d’un ou deux jours par semaine, à en croire une récente étude de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

De nouvelles habitudes qui pourraient aussi faire émerger un nouveau marché lié aux lieux de travail. En effet, depuis novembre dernier, un accord national interprofessionnel prévoit la possibilité de télétravailler ailleurs qu’à domicile. Un salarié peut désormais œuvrer depuis un musée, un restaurant ou un espace de coworking. Une aubaine pour certains professionnels, en particulier dans le secteur de l’hôtellerie.

Fin juin, plusieurs personnalités du monde de l’entreprise ont d’ailleurs signé un appel de la Fondation Travailler autrement pour la création d’un «chèque bureau». Celui-ci, financé par l’employeur, l’État et les collectivités locales, est censé permettre à un salarié d’accéder au «bureau de proximité de son choix». Le patron du groupe hôtelier Accor, Sébastien Bazin, figure parmi les signataires.

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