Le travail à domicile qui, malgré le recul de l’épidémie en France, reste toujours recommandé pour un nombre minimal de jours a augmenté les niveaux de solitude et de détresse mentale chez les employés, montre une nouvelle étude de chercheurs britanniques. C’est surtout l’état mental des télétravailleurs vivant seuls qui s’est le plus détérioré.
Alors qu’en France les employés sont toujours tenus de travailler à domicile un nombre minimal de jours par semaine, une étude du National Centre for Social Research, qui a été en exclusivité consultée par le journal hebdomadaire britannique Observer, montre que ce mode de travail s’est avéré particulièrement difficile sur le plan mental pour certains télétravailleurs. Les employés travaillant à distance et vivant seuls sont les plus concernés.
La conclusion surprise de l’étude est que les personnes travaillant à domicile et vivant avec d’autres ont elles aussi connu une augmentation significative de leur niveau de solitude. Celle-ci n’a pas été ressentie par les employés qui ne télétravaillent pas, est-il précisé. Une telle détérioration de l’état mental chez les personnes qui n’habitent pas seules peut être expliquée, entre autres, par le «manque de nouvelles expériences».
«Le manque de nouvelles expériences et d’interactions face-à-face pendant la pandémie peut contribuer à une détresse mentale accrue chez les télétravailleurs qui ne se considéreraient pas comme seuls», explique l’étude, reprise par le journal britannique.
Le travail en question a été basé sur les entretiens menés auprès de 8.675 personnes avant le début de la pandémie, puis en mai, juillet et novembre 2020.
Télétravail, toujours une règle à suivre outre-Manche
D’après Isabel Taylor, directrice de recherche au National Centre for Social Research, interrogée par l’Observer, même avec toutes les technologies aujourd’hui utilisées «au bureau à domicile», il est impossible de «reproduire pleinement l’environnement de travail pour tout le monde». C’est pourquoi il est important que les autorités qui décident de recommandations concernant le télétravail soient «conscientes» de son «impact probable» sur la santé mentale des personnes, estime-t-elle.
Selon les règles anti-Covid de la troisième phase du déconfinement en Angleterre qui resteront en vigueur jusqu’au moins le 19 juillet, les citoyens qui peuvent télétravailler doivent continuer à le faire. Le retour au bureau est envisagé avec la quatrième phase du déconfinement qui verra lever les restrictions restantes. Néanmoins, précise l’Observer, à l’avenir les autorités britanniques comptent se pencher sur une plus grande flexibilité en matière de mode de travail.
Les Français, ont-ils envie de retourner au bureau?
En France, le télétravail est assoupli depuis le 9 juin. Les règles exactes de ce mode de travail, notamment le nombre de jours de télétravail par semaine, sont censées désormais être réglées en concertation avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises, précise le site service-public.fr.
Sur fond de cet assouplissement, les télétravailleurs français manifestent pour autant une envie «plutôt tiède» de retourner au bureau, conclut une enquête Harris Interactive-Epoka, dont les résultats ont été publiés le 30 juin. Et ce malgré les inconvénients du travail à domicile, à savoir la séparation entre les sphères professionnelle et privée, ainsi que les difficultés à communiquer et à résoudre les problèmes.
«57% des télétravailleurs ont un ressenti positif à l’idée de revenir travailler sur site contre 43% qui se montrent indifférents ou négatifs. Le ressenti est même plus tiède pour ceux étant/ayant été en full télétravail (53% positifs / 47% indifférents ou négatifs)», indique l’étude d’opinion.