Dans le contexte des tensions sino-américaines, le vice-Premier ministre japonais a jeté de l’huile sur le feu en évoquant la possibilité d’une aide militaire à Taïwan de la part du Japon et des États-Unis en cas d’invasion chinoise. Tokyo n’a pas commenté.
Le Japon et les États-Unis devraient défendre Taïwan ensemble en cas de problème majeur, selon le vice-Premier ministre Taro Aso cité par Kyodo News. Une éventuelle occupation par la Chine, qui considère l’île comme faisant partie de son territoire, pourrait être jugée en tant que menace existentielle permettant au Japon d’exercer son droit à l’autodéfense collective, a indiqué le responsable lors d’une soirée de collecte de fonds à Tokyo lundi.
Le secrétaire général du cabinet des ministres, Katsunobu Kato, a refusé de commenter ces propos, précise Reuters.
Pékin résolu à résister à la pression
Tout en maintenant son alliance avec les États-Unis, le Japon cherche à éviter de s’aliéner la Chine, son plus grand partenaire commercial, alors que les tensions battent leur plein entre les deux plus importantes économies du monde, rappelle Bloomberg. Les récents commentaires de certains responsables japonais sur Taïwan ont toutefois suscité la colère de Pékin.
Qui plus est, Xi Jinping a qualifié de «mission historique» la volonté de son pays de prendre le contrôle de l’île, dans un discours marquant le 100e anniversaire du Parti communiste chinois la semaine dernière. À cette occasion, il a promu une nouvelle fois la réunification avec Taipei et a averti ses adversaires d’éviter de faire obstacle à son gouvernement. S’il a appelé à travailler à une «réunification pacifique», il a en même temps promis d’«écraser les complots d’indépendance» de l’île.
Pour Taro Aso, le plus souhaitable serait que les parties impliquées parviennent à une solution pacifique par le biais de pourparlers directs, comme il l’a déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse mardi.
Les tensions en hausse
Alors que la constitution pacifiste du Japon limite la portée de son armée, une réinterprétation du document en 2015 lui a permis d’impliquer ses troupes dans des conflits à l’étranger dans certaines circonstances.
Or, alors que l’île de Taïwan avait été mentionnée dans la déclaration commune de Yoshihide Suga et Joe Biden du 16 avril, le Premier ministre japonais avait précisé que son pays ne participerait pas militairement à un conflit si la Chine décidait de faire montre de force.
Les tensions autour de Taïwan se sont accrues ces derniers mois, la Chine y ayant envoyé 28 avions militaires en juin, le plus grand exercice de cette année. L’Armée populaire de libération (APL) avait en outre mené début avril une série de manœuvres à proximité.
De son côté, l’US Navy a multiplié les incursions dans les mers de Chine, sous la forme de missions de routine. En vue de contrer Pékin dans la région, un projet de flotte permanente dans le Pacifique est aussi en cours d’étude, d’après Politico.
La loi antisécession de 2005 permet de recourir à la force en cas de proclamation formelle d’indépendance par Taïwan. Une loi américaine symétrique oblige les États-Unis à aider Taïwan à se défendre dans le cadre d’un conflit.