Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud de 2009 à 2018, s’est constitué prisonnier le 7 juillet au soir, après des accusation de détournement de fonds publics. Il avait protesté contre une éventuelle incarcération pour raisons de santé.
L’incertitude a plané jusqu’à la dernière minute : l’ex-président sud-africain Jacob Zuma, condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage, s’est finalement constitué prisonnier le 7 juillet avant minuit. Une demi-heure avant la fin de l’ultimatum, un convoi d’une dizaine de voitures a quitté à vive allure la résidence de Jacob Zuma à Nkandla, en pays zoulou (Est), selon l’AFP sur place. Il n’a été ni vu, ni entendu mais jusque tard dans la soirée, bien après le couvre-feu fixé à 21 heures, des dizaines de partisans ont chanté et dansé, certains portant des bandeaux traditionnels en peau de bête.
C’est finalement par un tweet que la nouvelle est tombée : «Le président Zuma a décidé de se conformer à l’ordre d’incarcération. Il est en route vers un établissement correctionnel» dans la province du Kwazulu-Natal, a déclaré la fondation qui le représente. Le ministère de la Police a confirmé peu après qu’il avait été «placé en détention». Ce n’est pas «un aveu de culpabilité», a toutefois souligné le porte-parole de Jacob Zuma, Mzwanele Manyi. L’ex-président a été condamné pour avoir évité obstinément de répondre aux questions d’une commission d’enquête sur la corruption. Une de ses filles, Dudu Zuma-Sambudla, a ironisé sur les réseaux sociaux «célébrer l’emprisonnement du combattant de la liberté», qui a passé dix ans au pénitencier de Robben Island aux côtés de Nelson Mandela.
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Aux alentours de 01h30 (23h30 GMT), sous forte présence policière, un convoi est entré dans l’enceinte de la prison d’Escourt Située à plus de 200 km de la résidence de l’ex-président. C’est là que «M. Jacob Gedleyihlekisa Zuma a été admis pour commencer à purger sa peine», a déclaré l’administration pénitentiaire dans un communiqué.
Jacob Zuma, 79 ans, a été condamné la semaine du 28 juin par la plus haute juridiction du pays. Ne s’étant pas rendu de lui-même avant dimanche, la police avait ordre de l’arrêter au plus tard le 7 juillet à minuit (22H00 GMT). Familier des tribunaux, Jacob Zuma a obtenu que la Cour constitutionnelle réexamine sa sentence le 5 juillet. Il avait aussi réclamé la suspension de son arrestation d’ici là, mais la décision du tribunal doit être rendue le 9 juillet.
Entre protestations de Jacob Zuma et flottements de l’action judiciaire
Ces recours en justice ont fait planer l’incertitude sur son incarcération. La police elle-même avait laissé entendre ces derniers jours qu’elle pourrait renoncer à arrêter Jacob Zuma. Dans un courrier adressé à la Cour constitutionnelle, elle avait annoncé qu’elle n’interviendrait pas avant l’aboutissement des recours judiciaires. Mais dans une volte-face le 7 juillet matin, le ministre de la Police Bheki Cele a affirmé n’être «pas prêt à affronter des accusations d’outrage à la justice» pour ne pas avoir exécuté l’ordre.
Mettant en cause l’impartialité des juges, Jacob Zuma a mis en avant un état de santé «instable», arguant qu’une incarcération «reviendrait» à le «condamner à mort» dans le contexte de la pandémie.
Le 3 juillet, il avait aussi prévenu, après avoir régalé ses partisans de plaisanteries, qu’il fallait s’attendre à des violences si la police «osait» l’arrêter. Le lendemain, il lançait, provocateur : «Pas besoin que j’aille en prison aujourd’hui». Mais peu après l’annonce de sa mise en détention, les groupes de supporters rassemblés à Nkandla s’étaient évaporés.
Jacob Zuma est accusé d’avoir pillé les ressources publiques pendant ses neuf années au pouvoir (2009-2018). Depuis la création en 2018 d’une commission d’enquête sur la corruption d’Etat, Jacob Zuma, mis en cause par une quarantaine de témoignages, a multiplié les manœuvres pour éviter de témoigner. Le porte-parole du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, Pule Mabe, a salué une victoire pour l’«Etat de droit et l’indépendance de la justice» dans cette jeune démocratie. Englué dans les scandales, Jacob Zuma avait été poussé à la démission en 2018. Son successeur Cyril Ramaphosa a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.