Poursuivant sa politique de déclassification des archives, la Russie a présenté des documents historiques révélant les intentions de Paris et de Londres de détruire les champs pétroliers dans le sud de l’URSS en vue d’empêcher les livraisons d’hydrocarbures au Troisième Reich.
Le Royaume-Uni et la France voulaient frapper conjointement l’Union soviétique entre 1939 et 1940, comme en témoignent des documents déclassifiés lors de l’exposition «La veille de la Grande [Guerre] patriotique. 1er septembre 1939-22 juin 1941». Celle-ci s’inscrit dans la politique d’ouverture des archives préconisée par Vladimir Poutine.
Ces deux pays se préoccupaient du fait qu’après la signature du traité de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS (dit «Molotov-Ribbentrop»), le Troisième Reich pourrait se renforcer grâce aux livraisons venant de l’URSS, en premier lieu de pétrole. De ce fait, Londres et Paris planifiaient de détruire les champs pétrolifères de Bakou (Azerbaïdjan) et des ports de la mer Noire. En outre, ils n’excluaient pas de déstabiliser la situation dans le Caucase, voire d’intervenir militairement dans la région.
Des préparatifs d’envergure
Pour ce faire, Français et Britanniques ont massé des troupes au Proche-Orient. Près de 300.000 soldats, sous le commandement du général français Maxime Weygand, ont notamment été envoyés en Syrie.
Les services secrets français collectaient des informations sur la topographie, l’état des routes et des obstacles naturels en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan, notait dans un rapport le commissaire du peuple (ministre) à l’Intérieur (chef du NKVD) Lavrenti Beria au milieu de l’année 1939.
Le plan a été baptisé Pike («pique»), mais n’a jamais été réalisé.
L’exposition, qui s’est ouverte le 7 juillet aux Archives fédérales russes à Moscou, présente des documents historiques issus d’archives russes et biélorusses et compte plus de 300 sources dont beaucoup sont rendues publiques pour la première fois.
Déjouer les mensonges
Face à la campagne antirusse qui bat son plein dans l’espace médiatique européen, faussant notamment des faits historiques, le Président russe a déclassifié des documents d’archives soviétiques, soulignait en février dernier le think tank européen Modern Diplomacy. Et de rappeler que lors d’un sommet informel des États post-soviétiques, Vladimir Poutine a présenté des documents témoignant du fait que la Seconde Guerre mondiale n’a pas été déclenchée par l’Union soviétique.
Évoquant les leçons de cette guerre dans un article pour la revue National Interest en juin 2020, Vladimir Poutine incitait les autres États à accélérer la déclassification des archives historiques sur cette période et sur les événements qui l’ont précédée. En effet, il affirme qu’il est injuste de dire que le début de la Seconde Guerre mondiale a été marqué par le pacte Molotov-Ribbentrop de 1939. Les principaux acteurs sur la scène internationale ont été dans une certaine mesure responsables. «Ceux qui ont délibérément remis en question ce consensus [d’après-guerre, ndlr] sapent les fondements mêmes de l’Europe d’après-guerre», estime-t-il.