Furieux de la commande d’avions américains P-8A par l’Allemagne, Paris va probablement annuler le programme d’avion de patrouille maritime franco-allemand MAWS, basé sur l’A320neo d’Airbus. Il pourrait se tourner vers une solution 100% française, basée sur un Falcon de Dassault.
La réaction est assez rare pour être signalée. La France va prochainement annoncer la fin de sa participation au programme militaire franco-allemand d’avions de patrouille maritime MAWS et se tourner vers une solution franco-française, selon les informations de la Tribune. Selon le quotidien économique, la décision de l’Allemagne d’acheter aux Etats-Unis cinq avions P-8A Poseidon à Boeing pour 1,43 milliard d’euros serait à l’origine de ce retrait, même s’il s’agit selon Berlin d’une solution transitoire en attendant la mise en service du MAWS.
Auditionné le 15 juin par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, le délégué général pour l’armement Joël Barre avait ouvert la voie à une annulation de ce programme. « Concernant l’avion de patrouille maritime MAWS, dont nous avions engagé l’étude en compagnie de nos amis allemands, nous risquons fort d’être déçus après leur choix, préannoncé par les Américains, de l’avion Boeing P-8A, indiquait-il aux députés. Même si les Allemands nous le présentent comme une solution transitoire, une livraison du P-8A à l’Allemagne en 2025 remet en cause le besoin initialement commun du MAWS à l’horizon 2035. Si la décision allemande d’achat du P-8A se confirme, je crains donc que celle-ci nous contraigne à reconsidérer la poursuite de la coopération pour ce projet. »
Un Falcon 10X militarisé
Selon La Tribune, Paris envisagerait désormais de concevoir son propre patrouilleur, qui pourrait être développé sur la base de l’avion d’affaires Falcon 10X de Dassault Aviation en coopération avec Thales. Dassault et Thales développent déjà le patrouilleur actuel, l’Atlantique 2, un avion devenu indispensable aux opérations extérieures de la France. Initialement dédié à la patrouille maritime, il est régulièrement engagé sur des théâtres terrestres, comme au Levant.
Cette possible annulation s’inscrit dans un climat assez tendu entre Paris et Berlin sur les programmes de coopération militaire. Si le projet d’avion de combat SCAF avance, avec un contrat sur la nouvelle phase de développement qui devrait été signé cet été, le programme de char de combat MGCS patine, de même que le projet dit Tigre Mk3 de modernisation de l’hélicoptère d’attaque Tigre. Le programme Eurodrone, qui rassemble également l’Espagne et l’Italie, a aussi du mal à décoller, sur fond notamment de différends sur la motorisation. Safran pousse son moteur Ardiden, quand l’italien Avio défend le Catalyst de son actionnaire américain GE.