Des gendarmes français sous l’égide de l’ONU en Haïti pour sécuriser le pays après l’assassinat du président Moïse ? C’est la piste que fournit la diplomatie française interrogée au sujet de l’envoi de troupes militaires dans le pays en crise.
La France juge qu’une intervention militaire «n’est pas d’actualité» en Haïti, a fait savoir auprès de l’AFP le 15 juillet le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en plaidant pour l’envoi dans ce pays de policiers internationaux sous l’égide de l’ONU. Interrogé sur la demande récente faite par Haïti aux États-Unis et à l’ONU de contribuer à la sécurisation d’installations haïtiennes stratégiques après l’assassinat le 7 juillet du président Jovenel Moïse par un commando armé, le chef de la diplomatie française a souligné que l’aéroport de la capitale et les installations pétrolières relevaient «de la protection policière, pas militaire».
«Il faut que cela se fasse sous l’autorité des Nations Unies» , plaide le ministre
L’envoi de policiers et de gendarmes «est à voir dans le cadre d’un renforcement de la présence des Nations unies, qui est aujourd’hui insuffisante, pour pouvoir accompagner le processus électoral», a souligné Jean-Yves Le Drian en marge de réunions à l’ONU sur la Libye et la protection des humanitaires dans le monde.
«Il faut que cela se fasse sous l’autorité des Nations unies» , a-t-il encore précisé, en laissant entendre que la France serait disposée à fournir des gendarmes pour une telle mission si nécessaire.
La France et les États-Unis étaient intervenus militairement à titre bilatéral en Haïti au moment de la chute en 2004 de l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Une opération de casques bleus de l’ONU (Minustah) avait suivi, de 2004 à 2017, comprenant jusqu’à plus de 9 000 militaires.
En octobre 2017, une mission de police (Minujusth, Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti) avait pris la relève et s’était achevée en octobre 2019. Depuis, l’ONU n’est plus présente en Haïti qu’au travers d’une mission politique ayant le nom de Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), pour lequel 1 200 personnes travaillent sous la direction d’une ancienne ambassadrice américaine, Helen La Lime.
Si une nouvelle opération de police de l’ONU était créée en Haïti, elle nécessiterait une autorisation du Conseil de sécurité, selon plusieurs diplomates. Le 15 juillet, le président américain Joe Biden a affirmé que l’envoi de troupes américaines en Haïti n’était «pas à l’ordre du jour».
Les États-Unis ont envoyé le 11 juillet une délégation de représentants de l’administration américaine en Haïti, notamment pour examiner «la sécurité d’infrastructures vitales» et rencontrer les policiers en charge de l’enquête sur l’assassinat du président haïtien.