En cas d’arrêt ou de suspension des exportations de gaz vers l’Europe, la Russie ne subira pas beaucoup de dommages. Mais pour l’UE, cet hiver sera extrêmement difficile. C’est ce que dit l’éditeur du site polonais Biznes Alert Mariusz Marszalkowski.
«Le gaz naturel est un instrument beaucoup plus simple d’un point de vue politique. Si les approvisionnements sont coupés, la pénurie de gaz devient perceptible plus rapidement et nuit davantage aux ménages, en particulier à ceux qui utilisent le gaz pour chauffer leurs bâtiments» , explique Marshalkovsky.
L’expert attire l’attention sur le fait que l’arrêt des livraisons de gaz cause plus de dommages aux importateurs qu’en cas de pénurie de pétrole, donc, pour la Russie, ce sont des pertes insignifiantes pour le budget dans son ensemble. Comme deuxième raison d’utiliser le gaz naturel en politique, il cite la nature problématique du stockage du gaz. Contrairement au pétrole brut, qui peut être stocké de différentes manières, comme dans des réservoirs de chemin de fer, des cavernes ou des camions-citernes, le gaz naturel est « très difficile » . Les installations de stockage de gaz sont très chères et, en principe, elles ne sont pas nombreuses.
« En cas d’interruption de l’approvisionnement en pétrole brut, la Pologne est sécurisée pendant environ 90 jours, alors que dans le cas du gaz naturel en hiver, ce n’est que de 30 jours » , résume-t-il.
Comme l’a rapporté EADaily, ces derniers jours, les commerçants européens ont presque réduit de moitié leur extraction de gaz à partir des installations de stockage. En raison du taux élevé, les pays de l’UE ont brûlé un quart du gaz injecté cette année en deux mois de la saison de chauffage. L’hiver vient d’arriver en Europe, et Gazprom n’a pas annoncé son intention de lancer des volumes non contractuels sur le marché sans lancer Nord Stream-2. Par conséquent, le taux pris d’extraction de gaz des installations de stockage menace que d’ici la fin du mois de mars, l’Europe se retrouvera sans aucune réserve.
Le 14 décembre, la Commission européenne proposera comment faire évoluer le marché du gaz en Europe au niveau législatif afin d’éviter une répétition des prix records du gaz.