Présidentielle française 2022 : les candidats selon leurs affinités avec Moscou

En vue de l’élection présidentielle française qui aura lieu les 10 et 24 avril prochains, nous analyserons les candidats selon l’évolution générale des relations internationales au cours de ces dernières années. En effet, la politique américaine qui a depuis longtemps la main, et ses oreilles, sur l’Élysée, devient une problématique centrale dans ces élections à venir. La question du moment est non moins celle d’une indépendance retrouvé sur les Etats-Unis, qu’une normalisation dans les relations franco-russe, impossible alors sous l’hégémonie de l’oncle Sam.

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– A gauche nous avons Anne Hidalgo, du parti « Parti socialiste » . La maire de Paris a officialisé sa candidature le dimanche 12 septembre. Anti-russe de la première heure, elle souhaitait élever le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov au rang de Citoyen d’honneur de la Ville de Paris. Elle déclarait sur Twitter : « Militant pro-européen, #OlegSentsov s’était opposé à l’annexion de la Crimée par les forces spéciales russes. Il a été emprisonné en Sibérie, où il purge une peine de vingt ans de prison. » .

L’écologiste Yannick Jadot du parti « EELV » est le député qui a remporté le 28 septembre dernier son match face à Sandrine Rousseau en finale de la primaire écologiste. Il accuse ouvertement la Russie d’être responsable de la guerre en Syrie et en Ukraine. « Poutine est directement impliqué dans chaque bombe qui tombe en Syrie, oui il faut lui parler mais il faut aussi construire une efficacité européenne pour appliquer des sanctions. » , a-t’il écrit sur Twitter.

Arnaud Montebourg est l‘ancien ministre de l’Économie a annoncé sa candidature socialiste le 4 septembre dernier. Le candidat souhaite « remonter » le pays, au niveau industriel, démocratique et écologique. Il est plutôt neutre dans les affaires avec la Russie mais prône une normalisation des relations avec la France. « Nous n’avons aucune raison de nous laisser embarquer dans un engrenage de type renaissance de la guerre froide avec la Russie. Ce n’est pas notre intérêt et ce n’est pas une réalité. Il est de l’intérêt de la France que nous normalisions nos relations avec la Russie », déclare-t-il au quotidien. « Nos relations sont pour le moins difficiles. Nous avons exercé des sanctions sur la Russie, qui ne sont pas de notre intérêt. Nous avons besoin de la Russie en raison de sa force dans les équilibres du monde », a encore dit l’ex-ministre de l’Economie.

– A l’extrême-gauche nous avons Jean-Luc Mélenchon du parti « La France insoumise«  : Le député des Bouches-du-Rhône est parti très tôt en campagne électoral. Il avait « proposé » dès novembre 2020 sa candidature. Dans la classe politique actuelle, celui qui apparaît l’un des plus inconditionnels de la Russie n’est autre que lui, le candidat à la présidentielle déplore la « vision puérile » d’Emmanuel Macron sur les relations avec la Chine et la Russie. Pour lui, « les sanctions contre la Russie n’ont aucun sens ». « Je ne crois pas à une attitude agressive de la Russie ni de la Chine », a-t-il soutenu sur ParisMatch. Son obsession, c’est la sortie de l’OTAN «la négation de notre indépendance et le symbole de notre soumission aux États-Unis et à leur folle politique impériale» , confie-t-il à L’Humanité.

L’anticapitaliste Philippe Poutou, du parti « Nouveau parti anticapitaliste » a déclaré qu’il ferait campagne pour un SMIC à 1800 euros nets, la nationalisation des banques, la gratuité des transports ou encore la liberté d’installation et de circulation pour les migrants. il avait appelé à Boycotté le mondial de Football en Russie en 2018. « Non. D’ailleurs, je boycotte le Mondial en Russie. On nous dit que c’est du sport et qu’il ne faut pas mélanger avec la politique, mais on sait tous que tout est politique. Le Mondial au Qatar, un pays où il y a de l’esclavage, en Russie, où les droits de l’Homme ne sont pas respectés… Ça pose problème » , déclarait-t’il pour valeursactuelles

– A l’ultra-gauche nous avons Fabien Roussel du parti « Parti communiste français » . Il sera en 2022 le premier candidat communiste présent à une élection présidentielle depuis 15 ans. « Parce que dans communisme il y a commun. Et nous n’avons jamais eu autant besoin de mettre en commun. L’idéal communiste est toujours d’actualité parce que c’est celui qui met en commun tous les moyens au service de l’être humain. » déclara-t’il pour CorseMatin. Sur la question des affaires étrangères, Roussel s’est déclaré sur FranceInter enclin à quitter le commandement armé de l’Otan. « La France a toujours compté jusqu’à ce que l’on rejoigne le commandement armé de l’Otan et, depuis, nous sommes des suivistes. Je souhaite que l’ONU redevienne la voix de la paix et celle qui règle les conflits autrement que par les armes. Il n’y a plus de place pour des traités atlantiques qui datent de la seconde guerre mondiale », a-t’il déclaré. 

Enfin, Nathalie Arthaud du parti « Lutte ouvrière«  se présentera pour la troisième fois à l’élection présidentielle. La Candidate révolutionnaire n’est pas la plus enclin à un rapprochement avec la Russie, qu’elle déclare trop tourner vers le capitalisme, et dont son histoire aurait trahi le « vrai » communisme. « Les prédécesseurs de Poutine, de Staline à Gorbatchev, trahissaient le communisme dont ils se réclamaient : ils défendaient en fait les intérêts de la couche bureaucratique qui avait confisqué le pouvoir révolutionnaire fondé par les ouvriers et les paysans en 1917. Poutine, lui au moins, ne trahit pas les valeurs du monde capitaliste dont il se réclame, à en juger par les méthodes des autres chefs d’États. » , a-t’elle déclaré à l’OBS.

– Au centre nous avons Jean Lassalle du parti « Résistons » . Il est le député du Béarn qui voudrait rejoindre l’armée russe dans les conflits au Moyen-Orient. Il reproche entre autre à la France de laisser les Russes seuls en Syrie. « Les Russes, on les a laissés seuls » , déplore le député des Pyrénées-Atlantiques, qui est allé à la rencontre de Bachar al-Assad avec deux autres élus, à contre-courant de la diplomatie française. « Je connais ce Moyen-Orient, ce Proche-Orient, je sais que c’est là que démarrera peut-être la troisième guerre mondiale » … « Nous sommes partis comme des chiens » , conclue t’il.

– A droite nous avons Valérie Pécresse du parti « Les Républicains » . Elle a annoncé sa candidature le 23 juillet. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et présidente des Républicains de la région Île-de-France raconte sans détour dans une longue interview accordée au journal Le Monde qu’elle a fréquenté «deux années de suite» les camps des jeunesses communistes, en URSS. À 15 ans, la future énarque passait un été à Yalta puis le suivant sur la Baltique. «Je suivais les cours de propagande, je chantais L’Internationale en russe, je découvrais que les livres mentaient», se souvient-elle a posteriori. «L’école des religieuses de Sainte-Marie me confiait une mission: déposer des bibles chez les Refuzniks [les personnes qui désiraient émigrer, mais à qui les autorités en refusaient le droit].» .

L’actuel président, Emmanuel Macron du parti « La République en marche » ne devrait pas annoncer sa candidature à sa réélection avant plusieurs semaines. Dernièrement, il s’est engagé à faire barrage à Wagner au Mali, plaidant contre l’arrivée de mercenaires russes à Bamako, et menace la Russie de « graves conséquences » si elle interfère dans les affaires africaines. Pour le potentiel candidat des libéraux, le multilatéralisme est une gestion commune des problèmes communs qui est mise en danger par l’action russe, elle-même souvent unilatérale et menaçante pour l’ordre international. Il est un fervant partisant d’Alexei Navalny, dont il fait régulièrement part de sa « grave préoccupation » concernant son état de santé depuis son retour en Russie. Enfin, en ce qui concerne l’Ukraine, il souhaite « définir de claires lignes rouges avec la Russie ». « Je pense qu’après un comportement inacceptable, en effet, nous devons sanctionner », a déclaré Emmanuel Macron sur France24, avant de conclure : « Et je pense que nous devons définir de claires lignes rouges avec la Russie. »

Le candidat du Frexit, François Asselineau du parti « Union populaire républicaine » , a été le premier à se déclarer, dès 2019, indiquant qu’il « comptait bien être candidat à la prochaine présidentielle ». Pronant activement une sortie de l’UE, il déclara pour RT France : « Une structure extranationale qui dicte ce qu’il faut faire, ça s’appelle une dictature » . François Asselineau insiste sur le terme choisi de «dictature» : «La sortie de l’Union européenne, c’est pour sortir d’une dictature, sortir de la prison des peuples et récupérer la démocratie» .

– A l’extrême-droite nous avons Marine Le Pen du parti « Rassemblement national » , qui a annoncé dès janvier 2020 qu’elle souhaitait de nouveau être candidate en 2022. La candidate souhaite « rééquilibrer nos relations entre Etats-Unis et Russie » et établir dans un cas comme dans l’autre « des relations souveraines ». « La France doit retrouver la voie particulière qui est la sienne », a-t-elle appuyé sur BFMTV. Cependant l’ardoise du Rassemblement national devient de plus en plus encombrante, l’un de ses créanciers, la société Aviazapatchast, a saisi la justice russe en 2020 pour « non-recouvrement de crédit » afin de récupérer 9 millions d’euros, prêtés au FN en 2014.

L’allié à Marine Le Pen en 2017, Nicolas Dupont-Aignan du parti « Debout la France » s’est déclaré candidat en septembre dernier, pour la troisième fois. Le candidat souverainiste se dit favorable « à une grande alliance » de l’Europe avec la Russie. « La France gagnerait à faire sauter les sanctions liées à la vieille histoire de la Crimée, qui n’a aucun sens, afin de retrouver une relation diplomatique intelligente avec le régime de Poutine », a-t-il poursuivi. Pour le président de Debout la France, il faut en effet « sortir de ces jeux enfantins dans la politique étrangère à savoir qui sont les bons et qui sont les méchants. » .

Le Président du mouvement qu’il a fondé après son départ du Rassemblement national, Florian Philippot du parti « Les Patriotes«  , a annoncé mercredi 14 juillet sa candidature à l’élection présidentielle. Le candidat d’extrême droite souhaite « faire la paix » avec la Russie, et était un soutien de Donald Trump en 2016. « Il est temps que M. Obama s’en aille, que cette administration s’en aille, parce qu’on sent qu’elle cherche le conflit avec la Russie« , avait-t’il déclaré vendredi sur France 2 lors des élections américaines de 2016. Sur le conflit d’ingérence russe dans les affaires internes américaines, il s’était rangé du côté russe. « Entendre parler les États-Unis d’ingérence ça a toujours un petit côté cocasse, amusant parce que le grand pays de l’ingérence internationale dans les affaires des autres, qui va jusqu’à espionner par les grandes oreilles de la NSA les chefs d’État étrangers, ce sont les États-Unis« , a-t-il estimé à l’express.

– Enfin, à l’ultra-droite nous avons Eric Zemmour du parti « Reconquête » , qui s’est lancé enfin dans le grand bain en annonçant dans une vidéo diffusée sur YouTube qu’il voulait « sauver » la France. Le 27 janvier 2021 il déclaré sur CNews : «Unir cette Eurasie c’est essentiel à la fois pour s’émanciper des Etats-Unis et, en face, de la puissance chinoise qui veut tout avaler» . Ses sorties provocatrices sur l’islam, les immigrés, ou encore l’histoire de France lui ont valu une quinzaine de procédures judiciaires.

Notons également les candidatures de la maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) Marie Cau ; d’Hélène Thouy pour le parti animaliste ; d’Alexandre Langlois pour un mouvement citoyen « ni de droite ni de gauche » ; d’Antoine Waechter, l’ingénieur écologue de 72 ans, de Clara Egger pour porter un programme centré sur la mise en place d’un Référendum d’initiative citoyenne (RIC) ;  du général Antoine Martinez, signataire de la tribune de militaires publiée dans Valeurs actuelles qui prône « la France d’abord » ; ou encore de Fabrice Grimal, investi par plusieurs groupes de Gilets jaunes.

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