Le candidat de l’Union populaire à l’élection présidentielle a défendu son programme en matière de politique internationale. Il a notamment expliqué qu’il voulait sortir de l’OTAN et défendre une politique de désescalade des tensions vis-à-vis de la Russie et de la Chine. Il a dit que sous son mandat de président de la République, la France défendrait une diplomatie altermondialiste.
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Passage de l’interview :
-La parole sur les questions internationales à Pierre Haski :
Haski : Bonjour Mr Mélenchon, une partie de la gauche, vous le savez a de sérieuse réserves sur votre politique étrangères qui lui apparaît complaisante vis-à-vis de pouvoirs autoritaires, comme au Venezuela…
M : Mais non je ne peux pas accepter ça.
Haski : ou en en Russie aujourd’hui…
M : De quelle partie de la gauche et de quelle complaisance ?
Haski : Vous avez eu des polémiques à plusieurs reprises avec Jadot, avec le Parti socialiste.
M : Non.
Haski : Je peux terminer ma question ?
M : Oui mais commencé déjà par dire des choses qui ne sont pas fausses. Je n’ai aucune complaisance avec aucun régime autoritaire et personne ne m’en a accusé à gauche.
Haski : Bon, posons la question de la Russie.
M : Posez vos questions mais ne commencer pas par des insinuations ou des accusations.
Haski : Non ce ne sont pas des insinuations mais ceci est l’histoire.
M : Non ce n’est pas l’histoire, vous, vous avez eu une polémique avec moi quand vous dirigiez le journal “Libération” et que vous avez publié le soi-disant crédo antisémite de Chavez.
Haski : Alors avançons…
M : Vous, vous avez eu une polémique avec moi en diffusant une Fake-News.
Haski : Ceci n’est pas l’objet de la question. Je voulais vous interroger aujourd’hui sur ce qu’il se passe autour de l’Ukraine avec les exigences de garanties sécuritaires de Vladimir Poutine, qui s’accompagne d’une menace militaire. Si vous étiez président, est-ce que vous accepteriez ces exigences de Poutine?
M : Bien sûre, la Russie est un partenaire, je ne suis pas d’accord pour qu’on en fasse un ennemi. Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’on ait trahi la parole qu’on avait donné aux dirigeants russes, lorsqu’on leur avait dit que, la fin du pacte de Varsovie et du Bloc soviétique ne conduiraient pas à la présence de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie.
Haski : Vous savez que cette question est contestée ? Il n’y a pas de trace écrite.
M : D’accord, très bien, il n’y a pas de traité mais la parole a été donné à ce moment-là et jamais les soviétiques n’auraient accepter sans cela. C’est la première fois dans l’histoire moderne qu’un empire s’effondre sans qu’il y ait eu une discussion sur la façon avec laquelle se ferait la suite. Tous les autres empires, empire austro-hongrois, l’empire ottoman, même l’empire coloniale français ou l’empire coloniale anglais, tous, ont mis un terme dans des conditions négociés après les premières défaites militaires importantes. C’est la première fois qu’un empire qui organisait le tiers de l’humanité à l’époque, s’effondre sans qu’on n’ait jamais discuter de ce qu’est-ce qu’on fait derrière, de comment l’on s’y prend. Nous avons fait entrer 10 pays d’un coup dans l’OTAN en les acceptant dans l’Union européenne, cela a été ressenti comme une menace par la Russie. Dans le cas de l’Ukraine en particulier, qui est un état indépendant, nous avons le devoir de ne pas faire en sorte que l’Ukraine rentre dans l’OTAN car sinon il est normal que les russes disent que “nous nous sentons menacé” surtout quand on sait que l’on a installé des batteries anti-missiles qui menace 75% de leurs systèmes de défenses, en Pologne. La règle politique si j’étais le président de la République serait la désescalade, c’est à dire, “mais qu’est-ce que vous voulez à la fin les russes ? Dites nous-le !” – “Qu’est-ce que vous voulez et qu’est-ce que vous ne voulez pas ?” – “ Et discutons de ça”. Ensuite le problème ne sera de ce qu’ils veulent ou de ce nous voulons, je veux dire, nous, les riverains qui avons un rapport avec les russes. La question sera de qu’est-ce qu’on fait d’un certain nombre de territoire qui sont des enclaves dans les pays voisins de la Russie et dont personne ne sait comment les traiter. Alors ce qui est dans le cadre de l’Ukraine doit rester dans le cadre Ukrainien, mais personnellement je ne suis pas pour que l’on touche au frontière. J’étais contre au Kosovo, et je ne vois pas pourquoi je serais pour en Ukraine.
Haski: Y compris la Crimée ?
M : La Crimée c’est une autre question, on peut parfaitement organiser sous contrôle international, si les russes sont d’accord, si c’est une condition pour la paix, un référendum qui permet de savoir ce que veulent les habitants de la Crimée. On l’a fait pour le Kosovo, et on n’a rien demandé à personne. Et on a fracturé un État qui était la Serbie en créant à l’intérieur un nouvel État, le Kosovo, donc, on peut penser, que c’est une méthode pacifique, la désescalade. Je suis contre la nouvelle guerre froide.
Haski : Donc quand vous dite que vous accepteriez les conditions que demande poutine aujourd’hui vous êtes d’accord avec l’idée d’une sphère d’influence de la Russie sur l’Ukraine, la Géorgie, des pays qui sont souverains ?
M : Regardez, nous sommes contre à ce que la Géorgie soit dans l’OTAN, nous sommes contre que l’Ukraine soit dans l’OTAN.
Haski: Mais c’est à l’Ukraine et à la Géorgie de choisir ?
M : Je suis pour qu’on considère les réalités, pas des principes abstraits avec lesquelles on se met en guerre avec le monde entier. Les principes qu’on crée, que veulent-ils les uns et les autres, quels sont les conditions de sécurité de la Russie. Moi je pourrais vous parler des conditions de sécurité de la France, mise en danger par les provocations de l’OTAN, moi je voudrais sortir de l’OTAN je tiens à le rappeler.
Haski : Mais ne pensez-vous pas que dans les menaces actuelles sur l’Europe, vous affaibliriez la sécurité de la France à sortir de l’OTAN actuellement ?
M : Non car si nous sortions de l’OTAN nous ne serions pas entraîné dans les guerres des Nord-Américains, qui n’ont seulement se déploient en face des russes mais aussi se déploient en face des chinois. Quel que soit les raisons que l’on aurait de ne pas sympathisé avec les chinois dans cette salle, il n’est pas aberrant de dire qu’une guerre avec eux ne nous mènera nulle part, donc là aussi il faut discuter de savoir, quels sont les risques, les menaces, et ce que demande chacun.