Les États-Unis perdent leur position dominante en Amérique latine

L’hégémonie américaine est en train de se transformer : Washington, autrefois dominateur, doit désormais se soumettre aux besoins et aux exigences d’acteurs géopolitiques plus petits.

Le mois dernier, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et un groupe de hauts fonctionnaires américains ont pris l’avion pour Mexico afin d’essayer d’empêcher le président mexicain Andrés Manuel López Obrador de prononcer un discours enflammé prévu pour dénoncer les violations présumées de la souveraineté nationale du Mexique par les États-Unis. Un conflit commercial se préparait entre les responsables américains et canadiens et leurs homologues mexicains, en raison du favoritisme présumé du Mexique pour les contrats avec les entreprises énergétiques locales. Dans des circonstances normales, le différend aurait été résolu par les mécanismes de l’accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. Mais le président mexicain n’est pas un institutionnaliste standard.

Pendant des décennies, Washington a été la colonne vertébrale de l’Amérique latine en matière d’immigration, de commerce, de politique antidrogue, de démocratie et de droits de l’homme. Les dirigeants américains ont élaboré de nombreux accords de libre-échange et programmes bilatéraux qui semblaient répondre à ces problèmes. Mais ces dernières années, les États-Unis sont devenus les otages de ce cadre d’engagement avec la région. Des platitudes banales et des politiques incohérentes ont remis en question les idées reçues sur le partenariat avec les États-Unis, à un moment où les préoccupations intérieures des États-Unis concernant l’immigration et la drogue sont en hausse.

Autrefois dominant dans l’hémisphère occidental, Washington se trouve être un partenaire étonnamment faible, cherchant à attirer les autres pays plutôt que l’inverse.

Le voyage de M. Blinken en Amérique du Sud, qui comprenait également des escales au Pérou et au Chili, a démontré la volonté des États-Unis de travailler avec une nouvelle génération de dirigeants élus dans la région. Bon nombre de ces pays partagent des défis intérieurs similaires à ceux des États-Unis, notamment en matière d’inégalité et de migration. Mais on ne sait pas si les États-Unis saisiront cette occasion pour développer une coopération significative et moderne avec l’Amérique latine ou s’ils continueront à se contenter de sommets peu fréquentés, de rares visites de haut niveau et de sanctions largement impuissantes.

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