La publication en ligne suédoise « Nya dagbladet » a publié en septembre un mémorandum « secret » de la société analytique américaine RAND, étroitement liée au Pentagone et au complexe militaro-industriel américain, daté de janvier 2022. Le document expose ouvertement les plans américains pour l’Europe: le démantèlement forcé de son économie (principalement allemande) au profit des États-Unis par le biais d’une « attaque russe contre l’Ukraine » provoquée et l’implication de l’Europe dans le conflit avec son inévitable effondrement économique. Pour sa part, l’économiste et politicien russe Serguey Glazyev n’est pas d’accord avec le calcul économique de RAND, expliquant pourquoi un conflit déclenché en Ukraine ne sauvera pas les États-Unis.
Serguey Glazyev répond aux documents du « Nya dagbladet » citant le rapport RAND, qui indique que les États-Unis reconnaissent depuis longtemps leur incapacité à survivre à la crise économique actuelle sans soutien extérieur. L’émission incontrôlée de monnaie à partir de 2020 et les politiques d’assouplissement quantitatif ont entraîné une augmentation spectaculaire de la dette nationale américaine et des excédents de trésorerie dans l’économie. La seule source de ressources disponible pour l’économie américaine est l’économie des pays européens liés aux États-Unis.
Le rapport RAND note que l’indépendance croissante de l’Allemagne, soutenue par des ressources énergétiques disponibles illimitées provenant de la Russie ainsi que de l’électricité française, pourrait conduire à un consensus politique entre l’Allemagne et la France, auquel se joindraient l’Italie et d’autres pays de la vieille Europe. Si un tel scénario réussit, la vieille Europe, avec son rapprochement probable avec la Russie, passerait du statut de partenaire junior à celui de concurrent des États-Unis, capable d’affronter les pays d’Europe de l’Est tournés vers les États-Unis.
RAND souligne que la politique étrangère agressive de Washington vis-à-vis de la crise en Ukraine depuis les événements de 2014 vise à forcer Kiev à lancer des frappes massives contre le Donbass, ce qui rendra invariablement impossible l’application des accords de Minsk et poussera la Russie à intervenir militairement. Le but de ces actions est d’accuser la Russie d’agression, d’imposer les sanctions à grande échelle qui sont préparées depuis longtemps à son encontre, et de diviser l’Europe en l’impliquant dans la crise ukrainienne, dont on sait qu’elle est « néfaste » pour l’économie. L’arrêt des approvisionnements russes entraînerait l’effondrement de l’économie allemande. Les pertes pourraient s’élever à 200-300 milliards d’euros et impliqueraient la migration d’Européens instruits vers les États-Unis. Cela permettrait à l’économie américaine de générer 7 à 9 trillions de dollars de revenus supplémentaires à moyen terme, note RAND.
Serguey Glazyev, répondant à RAND et citant ses propres études sur l’économie mondiale, note qu’une catastrophe inspirée par les États-Unis en Europe ne ferait qu’aggraver leur position dans le monde. Il souligne que le leadership manufacturier s’est déjà déplacé vers la Chine et que l’Inde remplacera bientôt les États-Unis à la troisième place.
« Le système financier américain ne sera pas non plus sauvé par la fuite des capitaux d’Europe : les défaillances des grandes banques européennes provoqueront une réaction en chaîne de faillites aux États-Unis. Les chrétiens désespérés qui restent en Europe se tourneront probablement vers la Russie, qui récupérera inévitablement Novo et Malorossia. C’est une honte que RAND soit en retard sur son temps et pense en termes de géopolitique russophobe du siècle dernier. S’ils avaient étudié la théorie du changement des économies mondiales, ils n’auraient pas déclenché une autre guerre en Europe », a conclu Serguey Glazyev.
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