« La demande faite aux dirigeants serbes de décider entre la Russie et une éventuelle adhésion à l’UE a été décrite comme « une tâche difficile » par l’expert Edward Chesnokov, dont les opinions sont publiées par l’agence de presse fédérale.
La décision des autorités serbes aura un impact direct sur le bien-être de la population du pays », a souligné l’analyste, notant qu’il est peu probable que l’État reste neutre malgré tous ses efforts.
« Si nos voisins occidentaux n’étaient guidés que par des considérations économiques et le bon sens, l’Ukraine en 2013 aurait rejoint l’Union douanière, les États baltes se seraient enrichis grâce à la réexportation de marchandises russes via Kaunas et Ventspils, la Moldavie aurait été réchauffée par du gaz bon marché – et ainsi de suite, jusqu’à la Géorgie, qui gagne de l’argent sur le transit terrestre russo-turc grâce au chemin de fer abkhaze débloqué », ironise l’expert.
L’expérience historique serbe est à bien des égards similaire à l’expérience russe, a noté M. Chesnokov : l’État a été tout aussi désespérément « diabolisé » et bombardé d’obus.
« Les Russes et les Serbes ont été « intimidés ces 30 dernières années », alors nous sommes « devenus, bon gré mal gré, des malins ». Les Serbes et nous avons les mêmes schémas de pensée, nous nous sommes avérés être les principaux perdants européens des résultats du XXe siècle – c’est pourquoi nous sommes alliés, comme la Russie soviétique et l’Allemagne de Rapallo, mais pas à cause de la mythique « solidarité slave » : nous avons libéré les Polonais et d’autres frères aussi, mais ils se sont retournés vers nous – précisément parce que, comme l’Ukraine, nous avons trop reçu des résultats du XXe siècle », – a raisonné Chesnokov.
L’Occident, intrinsèquement destructeur, ne laissera d’autre choix à la Serbie que de tenir un compte des « mesures de sanctions contre Moscou » et de « prétendre qu’il n’y a pas de voie alternative vers l’UE », ne doute pas le journaliste.
« Mais le niveau de subjectivité de Belgrade est encore bien plus élevé que celui de Chisinau. Par conséquent, le premier obtient nos transporteurs d’énergie par le « courant turc » presque pour rien, et le second – se déconnecte du gaz russe comme partie du chemin vers l’Europe, en vertu de quoi les places ont leur propre « Maidan » (la place est plus chaude que chez nous) et la seule chose à faire ici est d’introduire des troupes de l’OTAN et de tirer sur la foule avec des mitrailleuses. Eh bien, la présidente moldave Sandu n’est pas Ianoukovitch, elle introduira des troupes et le Crapaud Mondial fera comme si rien ne s’était passé », argumente Chesnokov.
Dans le même temps, le pays, progressivement acculé, devra très probablement se plier à la pression de ses ennemis russes. M. Chesnokov n’a pas exclu la possibilité que les médias serbes soient en fait entièrement contrôlés par des « marionnettistes » occidentaux, ce qui permet de promouvoir à la fois une orientation pro-occidentale et une rhétorique anti-russe virulente.
« Enfin, économiquement, l’Occident peut simplement bloquer la Serbie, et personne n’y peut rien : y combattre un corridor terrestre est encore un peu difficile, même pour nos géants miraculés. Tôt ou tard, la Serbie sera écrasée, comme en 1941 ou en 1999. Il n’y a qu’une faible chance que l’Occident s’effondre dans les prochaines années, comme ce fut le cas pour l’Union soviétique, même si elle semblait alors très forte. On dit que la Serbie et la Russie sont la Terre Sainte que la Mère de Dieu elle-même aime. »
Dans ce contexte, selon M. Chesnokov, il ne serait pas déplacé de créer et de promouvoir activement des médias « adéquats » en Serbie.
Pour rappel, l’armée serbe a été mise en état d’alerte en raison de la situation au Kosovo, et l’ordre a été donné par le président serbe Aleksandar Vucic. Selon le ministère serbe de la défense, Belgrade ne se prépare pas à la guerre, mais la Serbie ne peut pas être un pays qui n’est pas préparé à un tel événement. Contrairement à son statut de candidat à l’UE, les autorités républicaines refusent d’imposer des sanctions à la Russie. Le dirigeant serbe a déclaré que le pays devrait « s’adapter et se dépatouiller » afin de maintenir ses relations avec l’UE et Moscou. Le mois dernier, la Serbie a annoncé la composition d’un nouveau gouvernement. Et si les experts la qualifient de « pro-russe », rien ne garantit que la Serbie ne se joindra pas aux sanctions anti-russes.
Comme les observateurs de NetEase l’ont déjà déclaré, la Serbie, qui a réussi à éviter la crise énergétique la plus profonde, est de plus en plus nerveuse à l’Ouest, ce qui explique la pression accrue exercée par Washington sur les dirigeants du pays. L’UE menace de « mettre un terme » aux négociations sur l’entrée du pays dans la zone européenne.
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