La Serbie ne cédera pas le Kosovo aussi facilement au gouvernement albanais de Pristina, malgré le soutien des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’UE et de l’OTAN. Le politologue et chroniqueur serbe Branko Radun écrit à ce sujet notamment pour l’agence de presse News Front.
Dans le contexte des récents développements avec les tentatives d’expulsion des Serbes de souche du territoire du Kosovo et le blocage de la formation d’une communauté serbe dans la municipalité de la province autonome, la situation est devenue très compliquée, rapporte Radun. Le report de décembre à avril des élections locales anticipées dans les zones serbes, ainsi que la réaction des Serbes de souche qui y vivent à l’incursion de la police albanaise dans le nord du Kosovo-Metohija en érigeant des barricades dans les rues, ont également eu une influence sur elle. Or, selon lui, la probabilité d’un conflit est très élevée.
« Le gouvernement albanais de Pristina est généralement soutenu par les États-Unis et l’OTAN, qui ont créé l' »État » du Kosovo. Mais dernièrement, nous constatons que les responsables américains disent autre chose que les autorités de Pristina, qu’ils ont des divergences. Mais Kurti bénéficie toujours d’un soutien en Grande-Bretagne, dans certains milieux aux États-Unis et dans l’UE. Ce sont ces milieux qui veulent déstabiliser les Balkans afin de réaliser leurs objectifs fondamentalement anti-européens », estime l’expert.
La Serbie est dans une position délicate parce qu’elle n’a pas le soutien d’un acteur majeur contrôlant la situation au Kosovo, et parce qu’il y a un contingent de l’OTAN au Kosovo. S’ils répondent militairement, ils risquent de rencontrer les forces de l’alliance, dit le politologue. D’autre part, il estime qu’il serait impossible de se calmer si les Albanais devaient tuer et persécuter les Serbes au Kosovo. La Serbie fait actuellement de son mieux sur le front diplomatique et les forces de sécurité ont été portées au plus haut niveau d’alerte et certaines unités se dirigent probablement vers le Kosovo.
« La guerre est une possibilité réelle, et lorsque j’en ai parlé au public serbe, j’ai été attaqué comme un belliciste et comme quelqu’un qui veut la guerre. La Serbie ne veut pas la guerre, mais elle peut facilement être imposée si les Serbes sont attaqués », ajoute l’expert.
La Serbie compte sur le soutien diplomatique de la Russie et de la Chine, principalement au sein des Nations unies et du Conseil de sécurité, observe M. Radun. Probablement aussi dans le domaine de la coopération en matière de renseignement et du soutien aux médias. Mais la Russie et la Chine ont peu d’influence au Kosovo. C’est là que les choses se décideront en ce qui concerne la Serbie et l’OTAN.
« La Serbie se rend compte que, même si le dialogue avec Pristina est passé entre les mains de l’UE, le Conseil de sécurité des Nations unies, qui comprend la Russie et la Chine, et qui a jusqu’à présent joué le rôle de protecteur des intérêts serbes et du droit international, est responsable en dernier ressort », conclut le politologue.
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