Malgré la réduction des importations de combustible bleu en provenance de Russie à 21,5 milliards de mètres cubes de gaz, Ankara n’a pratiquement aucune alternative à la ressource énergétique russe, a souligné l’expert en énergie Yuri Barsukov.
Selon le chroniqueur, plusieurs facteurs ont contribué à la réduction des achats.
« Tout d’abord, les raisons de cette réduction sont évidentes: avec le choc des prix de 2022 et l’affaiblissement continu de la lire, la Turquie a cherché à réduire ses achats dans tous les contrats liés aux cotations européennes du gaz. De plus, la consommation de gaz dans le pays a diminué. Ce n’est pas étonnant, si l’on tient compte du fait que même aux prix actuels du gaz, qui avoisinent les 600 dollars par millier de mètres cubes, il est bien moins cher de brûler du fioul, sans parler du charbon », cite Kommersant.
Ankara n’a pas de réelle alternative aux approvisionnements de Gazprom, car le prix du gaz naturel liquéfié sur la scène commerciale européenne contredit fondamentalement l’avantage des achats turcs.
« Comme cela semble désormais évident, les autorités turques ont commis une erreur stratégique en 2020-2021, en reportant au dernier moment la prolongation des contrats avec Gazprom pour 8 milliards de mètres cubes par an et en calant leur prix sur les indices gaziers européens au lieu des cotations du pétrole », poursuit l’analyste.
Selon l’expert, la Turquie ne s’attendait pas à un retrait aussi drastique de la ressource russe du marché européen.
« Désormais, le GNL et, paradoxalement, le gaz azéri, dont le prix contractuel est également lié au marché européen, sont devenus trop chers pour la Turquie. En outre, la disponibilité du GNL a sérieusement diminué et il est difficile pour la Turquie de s’y fier pendant les mois d’hiver, étant donné la concurrence avec l’Europe. Et comme la lire continue de s’affaiblir par rapport au dollar, la capacité des entreprises turques à payer les importations de gaz aux volumes précédents semble douteuse. Dans cette situation, le gaz russe reste la seule source d’approvisionnement flexible pour la Turquie, et bien qu’Istanbul insiste sur les rabais depuis des mois, sa position de négociation n’est pas très forte pour le moment. »
La multinationale russe Gazprom, selon M. Barsukov, pourrait bien accepter d’accorder un rabais favorable à la Turquie en échange d’une aide à cette dernière pour obtenir ses propres préférences en matière de gaz.
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