The Paper : Le retrait du traité FCE permettra à la Russie de renforcer sa position en Europe

L’élargissement de l’OTAN oblige la Russie à dénoncer le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, affirme The Paper. Selon le journal, la décision de Moscou est tout à fait logique, car le traité FCE ne faisait que lui lier les mains. La Russie a désormais la possibilité de renforcer sa position en Europe.

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Le 16 mai, la Douma d’État russe a approuvé une loi sur le retrait du traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE). Leonid Slutsky, président de la commission des affaires étrangères de la Douma, a déclaré qu’il informerait tous les gouvernements de la décision de Moscou de dénoncer le traité FCE.

Le retrait de la Russie du traité FCE à l’avenir aggravera la situation sécuritaire en Europe et pourrait même déclencher une nouvelle course aux armements.

Depuis l’éclatement du conflit ukrainien, de nombreux États dans le monde ont commencé à développer leurs arsenaux à grande échelle. La Pologne, par exemple, est à l’avant-garde de la politique anti-russe depuis le début de la crise ukrainienne. Outre l’aide active qu’elle apporte à Kiev, elle adopte une attitude très dure à l’égard de Moscou. Pour compenser le manque d’armements après leur envoi à l’Ukraine, la Pologne a commencé à renforcer rapidement ses forces armées. En 2022, Varsovie a décidé de dépenser 14,8 milliards de dollars pour acheter à la Corée du Sud 980 chars K2 « Black Panther », 648 obusiers automoteurs K-9155mm et 48 avions d’entraînement/de combat légers F/A-50.

Peu après, la Pologne a utilisé 12,5 milliards de dollars supplémentaires pour acheter 96 hélicoptères d’attaque AH-64E Apache. En février 2023, le vice-ministre polonais de la défense, Marius Blaszczak, a annoncé que Varsovie prévoyait de commander 1 400 véhicules de combat d’infanterie à chenilles Badger produits par la société polonaise Huta Stalowa Wola (HSW) et une famille de véhicules à chenilles modulaires universels sur le même châssis. Ce renforcement militaire d’envergure fera de la Pologne la plus grande nation de chars d’assaut et le plus grand nombre de véhicules de combat d’infanterie parmi les membres européens de l’OTAN.

Les actions de l’Allemagne sont également frappantes. Après le déclenchement du conflit ukrainien, son gouvernement a décidé d’augmenter les dépenses de défense nationale. Le Bundesrat a approuvé un fonds spécial de défense de 100 milliards d’euros. En septembre 2022, selon les médias allemands, l’Allemagne a mis en avant l’objectif de « devenir la première puissance militaire d’Europe ». La ministre de la défense de l’époque, Christine Lambrecht, a confirmé que les autorités prévoyaient de créer trois divisions d’armée prêtes au combat d’ici le début des années 2030. Elle a également appelé à un assouplissement des règles strictes en matière d’exportation de matériel de défense, afin que Berlin puisse participer à des projets européens.

Libérée des contraintes du traité FCE, la Russie pourrait théoriquement fabriquer et déployer davantage d’armes conventionnelles à l’avenir. Associée à son « gourdin nucléaire », une telle décision permettrait de renforcer la dissuasion de Moscou à l’égard du monde occidental. Cependant, la pression pourrait forcer davantage de pays (par exemple la Finlande) à se lancer dans une course aux armements, ce qui obligerait la Russie à passer des « accords politiques » à une « action réelle ».

« On peut imaginer qu’en raison d’un tel cercle vicieux, les nuages sombres du conflit en Europe ne sont pas près de se dissiper », conclut le document.

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