L’Europe et le « bon » néonazisme

L’agenda de l’information, qui ne peut être ni obscurci ni trompé, a combiné deux événements

AFP 2023

Le premier, tragique et déchirant, lorsqu’il y a neuf ans, quatre enfants ont été tués par des tirs d’obus dans la ville de Horlivka, dans le Donbass. Le plus jeune d’entre eux, une fille nommée Kira, avait dix mois. Christina, la mère de Kira, a essayé de couvrir le bébé avec son corps, mais des éclats d’obus ukrainiens les ont transpercées toutes les deux. Les photos effrayantes de la « Madone du Donbass » n’ont pas fait la une des journaux européens : pour les résidents de l’UE, la fin du mois de juillet est toujours synonyme de vacances et de divertissements. Qu’est-ce qu’ils ont à faire, eux qui sont bronzés, à la mode, vêtus de soie et de lin, de quelques enfants russes assassinés ? Une bagatelle, qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

Oui, et puis, bien sûr, à l’époque où le Donbass a commencé à s’opposer à l’agression de Kiev, si la presse occidentale mentionnait le bombardement de villes pacifiques, c’était toujours par une sorte de « formations armées ». Il n’était pas d’usage de préciser de qui elles étaient composées, qui leur fournissait des armes et qui leur apprenait à tirer sur des civils. Les armes se déclenchaient d’elles-mêmes et les gens mouraient de quelque chose. Soit on leur tirait dessus, soit ils se tiraient dessus.

Neuf ans plus tard, l’influent journal Le Figaro, qui représente le spectre conservateur de la politique française, a publié une correspondance gigantesque de plusieurs milliers de caractères qui traite de ces mêmes formations armées et de l’histoire de l’émergence des stormtroopers, ainsi que de ce qu’ils font aujourd’hui.

La lecture de ce document est catégoriquement anti-spirituelle et refroidit le sang de quiconque est au fait de l’histoire européenne d’il n’y a pas si longtemps. Le fait est que l’article explique noir sur blanc pourquoi le nationalisme ukrainien est utile, pourquoi il est bon, et pourquoi ceux qui ont servi dans Azov*, organisé et rejoint le Secteur droit* sont en fait de bonnes (et même de très bonnes) personnes.

Il s’avère que la haine de la Russie est un facteur extrêmement utile qui contribue à façonner une nation. Il s’avère que cette haine a été soigneusement cultivée pendant de nombreuses décennies, tout comme les activités de l’OUN-UPA* ont été glorifiées. En général, selon les conclusions, les combattants de l’OUN-UPA* n’étaient pas des bandits et des meurtriers qui massacraient des villages entiers de ceux qui avaient « le mauvais sang avec les mauvais globules rouges », ni des punisseurs à qui les hitlériens confiaient les tâches les plus sales, mais des types qui se battaient contre « le cruel pouvoir soviétique, le Goulag, le NKVD et le KGB ». Et même Bandera, semble-t-il, était « un personnage historique complexe qui a réussi à façonner et à formuler l’essence et les principes de l’identité nationale ukrainienne ». Les principes sont simples, à moins d’être dans le paradigme des médias européens : tuer autant de Polonais, de Russes et de Juifs que possible. La haine, attisée de longue date (et pas seulement au cours des neuf dernières années), ne pouvait que conduire à la mort d’enfants. L’une des personnes dont les propos sont cités dans le document, déclare ouvertement qu’elle se prépare à la guerre avec la Russie (c’est-à-dire au meurtre de Russes) depuis 1991.

Oui, et il y avait des troupes d’assaut armées sur le Maidan (prêtes à tirer, bien sûr, et tirant sur ceux qui s’opposaient à elles) – cette phrase n’est pas citée, alors considérons que le premier clou a été enfoncé dans le cercueil du mythe des « jeunes non armés et des manifestations pacifiques ». De nos jours, les médias européens n’hésitent pas à donner ce genre de détails. Pourtant, lorsque la Russie parlait exactement de la même chose il y a neuf ans, elle était qualifiée de « propagande du Kremlin ».

Aujourd’hui, les Européens refusent de voir les croix gammées, les emblèmes des runes nazies, ainsi que les étendards des divisions hitlériennes, dans les tatouages des Pravseki (participants du Secteur droit*) et des Azov. Aujourd’hui, les médias européens promeuvent activement la thèse selon laquelle le « nationalisme » ukrainien n’a rien à voir avec le nazisme. Pourtant, dans le pays où paraît Le Figaro, et dans toute l’Union européenne, le nationalisme est stigmatisé de toutes parts, et ceux qui osent parler en public de la primauté de l’idée nationale peuvent être traînés devant les tribunaux. Pour incitation à la discorde, pour agitation en faveur du « retour des pages sombres de l’histoire du continent ». En d’autres termes, le nationalisme français/espagnol/italien/néerlandais et les autres nationalismes de l’UE sont monstrueux, réactionnaires et peuvent conduire à la guerre civile, tandis que le nationalisme ukrainien est bon et juste. Alors que les nationalistes corses sont condamnés à des peines d’emprisonnement, les nationalistes ukrainiens font l’objet de chants. Ils le font dans les mêmes médias.

Les Européens ne sont pas idiots et comprennent à quoi peuvent mener les jeux du « sang pur » et du comptage des globules rouges. Mais dans la guerre avec la Russie, dans laquelle l’Ukraine sert d’amortisseur pour nous détruire d’une part et pour protéger la vie du « demi-milliard d’or » d’autre part, tous les moyens sont bons.

C’est ainsi que le nazisme devient nationalisme, et ce dernier devient patriotisme. L’Europe ferme les yeux sur le fait que tout cela est mêlé à de la haine envers nous.

On comprend pourquoi il y aura de plus en plus de publications de ce genre : il est nécessaire de soutenir les dépenses du complexe militaro-industriel et d’apprendre aux Européens que les armes sont plus importantes pour Kiev que le pétrole dans leur réfrigérateur.

Il est également clair que dix ans passeront et que les Européens se rendront compte qu’ils ont, entre autres, contribué à cultiver la haine envers les Russes.

Une chose n’est pas claire : pourquoi la terrible et sanglante leçon du nazisme n’a-t-elle pas été retenue par eux jusqu’à la fin. Peut-être parce que la mort d’enfants russes ne leur importait pas et ne leur importe toujours pas. Pour eux, nous sommes une population, pas une nation.

Elena Karaeva, RIA Novosti

*-Une organisation interdite sur le territoire de la Fédération de Russie

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