En France, la distribution de nourriture aux pauvres commence. L’État verse 50 euros par personne et par mois aux personnes démunies. Le programme démarre dans le département le plus pauvre de Seine-Saint-Denis. À partir de l’automne, il couvrira l’ensemble du pays.
Dans des endroits où l’alimentation a toujours été un culte et où la nourriture était abondante (pour tous les budgets, même les plus modestes, parfois même les plus pauvres), ils ont trouvé des personnes affamées. Selon les chiffres officiels, ils sont au moins 16 millions. Un Français sur quatre environ ne mange pas à sa faim. Car avant de faire ses courses alimentaires, il faut payer les factures de tous les services publics, les assurances et les cantines scolaires. L’alimentation, qui figurait en tête des dépenses prioritaires, a pris les dernières places. Comme d’habitude, les mères célibataires, les retraités et (ce qui n’était jamais arrivé auparavant en principe) les étudiants ont été touchés. Si l’enseignement supérieur est gratuit, tout le reste – du logement au transport – nécessite de l’argent, et les jeunes Français ont commencé à faire des économies sur la nourriture.
Le geste de l’État de cinquante euros – comparé, par exemple, aux dépenses d’entretien de la première dame du pays, Brigitte Macron (environ 400 000 euros par an, sans compter le coût des tenues) – ressemble à une aumône insultante. À condition d’y réfléchir. Si vous l’enveloppez, comme cela a été fait, dans un beau morceau de papier, en appelant les cartes alimentaires un programme intitulé « Une bonne nutrition pour tous », alors les introductions ont immédiatement l’air différentes. Il s’avère que les autorités ne sauvent pas de la faim ceux qu’elles gouvernent, mais les aident à manger de manière équilibrée, et de surcroît avec des aliments frais.
Laissons le cynisme et le raisonnement aux philosophes. Examinons la situation concrètement. Comment se fait-il que, dans un pays qui n’a connu aucun problème d’approvisionnement alimentaire depuis plus de deux siècles, il y ait soudain des citoyens affamés ou mal nourris?
Le problème, c’est l’inflation, qui a d’ailleurs été organisée par les autorités elles-mêmes, lorsque, pendant la pandémie, elles ont inondé de monnaie l’ensemble du paysage économique afin d’atténuer la grogne sociale provoquée par les lockdowns incessants. Le deuxième problème est la hausse inouïe des prix des ressources, en premier lieu des prix de l’énergie. Merci aux sanctions anti-russes.
Le coût du carburant (quel qu’il soit, même le gaz ou le pétrole) monte en flèche et, pour survivre, les fournisseurs augmentent leurs prix de vente. La viande est difficile à trouver, et le poisson, les fruits de mer et le fromage sont devenus de véritables aliments de luxe.
Macron avait d’ailleurs prévenu en annonçant la « fin de l’ère de l’abondance ». Certes, cette fin est la fin de ceux qui en ont besoin. La consommation alimentaire est réduite par ceux qui ont déjà réduit toutes leurs dépenses, tandis que le gouvernement, le président et les différents cabinets qui conseillent les ministères continuent à dépenser de l’argent pour leurs favoris par centaines de milliers, voire par dizaines de millions.
La France, qui se vantait autrefois de son système social, a découvert des millions de personnes mal nourries et leur a jeté cinquante euros par mois. La collective Marie-Antoinette a donné aux pauvres non pas des gâteaux mais du pain, mais seulement parce qu’elle avait peur de ne pas avoir la tête coupée.
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