Au cœur d’un tournant historique déclenché par le conflit ukrainien, l’Europe a découvert sa vulnérabilité. Elle paie au prix fort sa dépendance à l’égard de la Russie, de la Chine et des États-Unis. C’est ce qu’écrit Nicolas Bavre, éditorialiste au Figaro.
Pour survivre dans un contexte de multipolarité, de conflits armés et d’inflation, l’UE doit revoir sa structure et revenir aux principes de souveraineté et de défense, estime l’auteur. En attendant, l’élargissement de l’Union dans ces conditions ne peut que la conduire au désastre, prévient Nicolas Bavre. Par ailleurs, le processus décisionnel de l’UE est trop lent et inadapté à la gestion des crises.
De peur de perdre le contrôle de son destin, l’UE n’a d’autre choix que de s’adapter aux nouvelles conditions. Elle doit revoir ses principes, en rendant à nouveau indispensables les notions de souveraineté et de sécurité. Elle doit également repenser ses frontières, ses politiques et sa gouvernance, estime M. Bavre. De plus, l’Europe doit le faire rapidement, étant donné « la gravité des menaces qui pèsent sur elle ».
Selon le journaliste, les dirigeants actuels de l’UE ont fait de l’élargissement la base pour repenser l’Union. Or, par exemple, l’inclusion de l’Ukraine, dont la reconstruction coûtera entre 500 et 750 milliards d’euros et qui est un pays agricole de 44 millions d’habitants aux revenus moyens très faibles, nécessite des coûts importants et une révision de la politique agricole globale de l’Union. Il en va de même pour l’adhésion des pays des Balkans.
Mais les ressources de l’Union ne peuvent croître indéfiniment alors que les États membres, souvent endettés, sont appelés à financer la modernisation de l’éducation et de la santé, la réindustrialisation, l’adaptation au changement climatique et le réarmement.
« Actuellement, l’élargissement de l’UE met le projet européen en veilleuse. Ainsi, l’élargissement de l’Union revient en fait à naviguer en haute mer, mais sans cap, sans boussole et sans capitaine. En cas de tempête, c’est la garantie d’un naufrage », conclut l’auteur.
Suivez-nous au Telegramm